On y était : fête de la musique au CCI avec The Young Folk / Zoë Conway et John McIntyre / Lisa Hannigan / Booka Brass Band

Star de la fête de la musique au centre culturel irlandais, la trop rare Lisa Hannigan a charmé un public venu en masse. Une très belle édition avec également The Young Folk (indie-folk), Zoë Conway et John McIntyre (musique trad) et Booka Brass Band (fanfare de cuivres bien allumée).

A 16h, ce dimanche (soit une heure avant l’ouverture des portes), la file d’attente est déjà conséquente devant le Centre culturel irlandais. Rien d’étonnant : l’affiche de la fête de la musique est d’un très, très haut niveau cette année avec The Young Folk, Zoë Conway et John McIntyre et Booka Brass Band. Et puis surtout Lisa Hannigan, qui depuis sa rupture sentimentale et professionnelle avec Damien Rice, est devenue une chanteuse qui compte en Irlande. Elle n’avait pas donné de nouvelles scéniques en France depuis ses premières parties de Glen Hansard à l’Alhambra (en 2012) et Patrick Watson à la salle Pleyel (juillet 2013). Bref, une éternité…

the young folk
The Young Folk

C’est dans une cour quasi pleine (d’ailleurs les retardataires auront beaucoup de mal à rentrer..) et baignée par le soleil, que The Young Folk ouvre le bal et déroule la playlist de leur premier album The Little Battle. Soit de l’indie-folk, qui rappelle Fleet Foxes, un peu, mais surtout Mumford and sons, période des « origines » (avant qu’ils se prennent pour Coldplay…), avec banjo, trombone et belles harmonies vocales. Le groupe, plutôt blagueur (« mettez les Irlandais du public à l’ombre, c’est leur place »), s’excuse d’emblée. « On a fait la fête très, très tard hier à la Tour Eiffel » se marre Anthony Furey, le leader du groupe. ça ne les empêche pas d’aligner avec efficacité leurs titres phares comme Letters ou Bright eyes (utilisation habile du mélodica). Une petite reprise de When Doves Cry de Prince (« filmez ça, il paraît qu’il fait des procès, mais on n’a pas d’argent »), on souhaite un joyeux anniversaire au batteur et le set s’achève évidemment avec les tubes Wolves, Way down south (belle intro au xylophone), et Way home.

zoe conway
Zoë Conway

« The smiley people » (« C’est comme ça qu’on nous appelle ») Zoë Conway, virtuose du fiddle et son mari John McIntyre, à la guitare, ne tardent pas à prendre le relais. Après des problèmes de son, place donc à une musique traditionnelle pas mal revisitée, qui détonne dans l’exécution et les influences. Le couple démarre avec quelques mazurkas et gillespies et poursuit avec un bel hommage au poète Seamus Heaney, le regretté prix Nobel de littérature qui avait d’ailleurs fait un passage au CCI peu de temps avant sa mort le 30 août 2013. Le public fond littéralement pour Hangman’s reel, un morceau de bravoure dédié à un violoniste condamné à mort pour avoir séduit la fille du maire. Le très inventif Trip to Gort (petite ville près de Galway avec une forte communauté brésilienne) est une pure merveille: un morceau qui démarre en jig  pour ensuite prendre des teintures latines, et revenir enfin à un son de musique irlandaise. On se quitte (à moitié) avec une belle version de Tiger Rag, en guise d’hommage à Stéphane Grappelli et Django Reinhardt.

lisa hannigan
Lisa Hannigan

Après une heure de concert, ils quittent la scène mais pas pour longtemps. Car ils jouent les accompagnateurs très spéciaux de Lisa Hannigan qui arrive bientôt. Détail girly, mais sa robe jaune, on valide comme dirait les blogueuses de mode. « ma guitare est morte » dit-elle en français avant de revenir avec celle d’Anthony de The Young Folk. Quelques problèmes de micro plus tard, on commence piano avec Little Bird, issu de Passenger, son dernier album en date. La voix est assurée, déjà émouvante. Et puis vient We, the Drowned qui devrait figurer sur son troisième opus, prévu pour l’année prochaine. Une très, très jolie ballade, où le chant commence dans les graves et monte crescendo, avec des paroles plus que mélancoliques : « We, the drowned hold our hollow-hearted ground ’til we swallow ourselves down again, again. We, the ashes, we spend our days like matches And we burn our ships as black as the end, the end, the end, the end. »  Très, très beau.

Lisa, zoe et john
Zoë Conway, Lisa Hannigan et John McIntyre

Arrive la déchirante Paper House et Knots, l’un de ses (rares) titres « funky ». Seule au ukulélé, c’est énergique et joyeux. Le reste du groupe (Gavin Glass, John Smith, Donagh Molloy) manquent un peu quand même. Zoë Conway assure joliment les choeurs et le violon sur O’sleep, délicate chanson d’amour interprété  d’habitude avec John Smith. Le public du Centre a ensuite droit à une quasi exclusivité avec Prayer for the dying « que j’ai fini d’écrire la semaine dernière », un petit bijou. Après Lille, Lisa Hannigan dédicace Safe travels à un membre de l’équipe qui s’est blessé (trop de vin rouge…), au petit matin, à la Tour Eiffel. Rires dans le public quand Anthony de The Young Folk qui l’accompagne en profite pour désigner l’imprudent. Mais c’est déjà presque terminé : après Passenger et A sail (beau son de guitare presque rock de John McIntyre), le final est dédié à Seamus Heaney, à nouveau, avec Anahorish, sur le village du poète. Un rappel avec Blue moon de Elvis Presley, exécuté au ukulélé et  elle part déjà après une petite demie heure de concert. Des retrouvailles courtes mais intenses.

booka brass band
Booka Brass Band

La songwriter n’est pas bien loin car évidemment elle viendra faire coucou, pour une reprise de Riverdance et de Running up that hill de Kate Bush, pendant le concert de Booka Brass Band, une fanfare composée de cuivres et d’un batteur. Oubliez évidemment tous les clichés pas forcément flatteurs sur ce genre de formation. Avec eux, c’est funky, jazzy, avec des accents hip hop et latinos sur certains morceaux. Ce mélange ultra-efficace met littéralement le feu dans la cour du CCI. Le groupe enchaîne avec une pêche d’enfer tous les titres de leur album sobrement baptisé BBB. Leurs reprises, de Sweet Dreams d’Eurythmics et Seven Nation Army des White Stripes par exemple, qui s’insèrent dans leurs propres compositions, sont à tomber et c’est physiquement impossible de ne pas danser. Evidemment, on adore leur relecture de Survivor des Destiny’s child et celle, énorme, de Crazy in love de Beyoncé. Mais la fête s’achève déjà ( en tout 5 heures de concert quand même). Sur le papier, elle s’annonçait mémorable, et elle l’a été. A l’année prochaine, donc, avec, on l’espère un line-up de la même qualité (on a des noms à donner si besoin..)

2 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. Phel Dwyn dit :

    Petit souvenir de ce superbe concert :

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