On y était : The Gloaming au National Concert Hall, Dublin

Du 5 au 12 mars, The Gloaming a réinvesti le National Concert Hall pour une série de concerts bluffants d’émotion et de virtuosité. Le « supergroupe » nous a proposé un peu de neuf et surtout continué son renouvellement de la musique traditionnelle.

En mars 2017, la résidence de The Gloaming au National Concert Hall a été un triomphe. Un an après jour pour jour, les sept concerts du 5 au 12 mars sur cette même scène ont très rapidement affiché complet. D’autant que le « supergroupe », qui donne un nouveau souffle à la musique traditionnelle depuis quatre ans, a clairement annoncé que ce retour à la « maison » constituerait ses uniques performances de l’année. Par manque de temps : car ô joie, Martin Hayes (maestro du fiddle), Caoimhin O Raghallaigh (hardanger d’amore), Iarla ó Lionáird (chant sean-nos, ex Afro-Celt Sound System), les américains Dennis Cahill (guitare) et Thomas « Doveman » Bartlett (piano et grand producteur entre autres de The National et Glen Hansard) sont en train d’ajouter un troisième volet discographique à leur parcours en commun.

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On a d’ailleurs droit à un avant-goût avec Frozen, inspiré d’un poème de Seán Ó Ríordáin, un auteur de prédilection pour Iarla ó Lionáird. A la première écoute, cela ne présage que du bon. Le chant de ó Lionáird, puissant, émouvant et sans affectation, est sublimement mis en valeur par le concerto Bartlett-O Raghallaigh (une formule récurrente) et ensuite la virtuosité de Martin Hayes. Si le fiddler (sa rapidité et sa dextérité laissent sans voix) reste la vedette de la bande, O’Raghallaigh au jeu plus expérimental et scandinave (les frottements de l’archet, l’art du silence…) est largement mis dans la lumière. Il brille notamment sur le mélancolique The Hare, The Lobster (qu’il a composé) ou des slides irrésistibles du Kerry.

Comme toujours, les morceaux s’enchaînent et se fondent avec fluidité dans des suites, qui commencent « piano » pour finir dans un tourbillon avec un Martin Hayes, impérial. L’innovation est constante, dans un équilibre parfait entre émotion, gravité, légèreté et maîtrise technique. Le son oscille entre session au fond d’un pub, musique contemporaine, soupçons de pop et surtout notes jazzy enlevées. L’ombre de Stéphane Grappelli plane quand Martin Hayes se lance dans des finals étourdissants. Parmi les titres de la setlist, on ne résiste pas au morceau inaugural, The Old Favorite, Boy in the Gap (Martin Hayes, encore et toujours), Rolling Wave et la gigue magistrale The Booley House, disponible sur un album live de la résidence de 2017 désormais disponible.

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L’entente sur scène est belle à voir et non feinte. Chacun prend la parole à tour de rôle. A l’exception, comme d’habitude du discret Dennis Cahill  qui a droit à son moment avec le délicat Oisin, d’après la légende d’Oisin et de Saint Patrick. Martin Hayes, drôle sans en faire des tonnes, reste simple. Comme étonné du succès que connaît le quintet. Caoimhin O Raghallaigh fait dans l’humour lunaire. Thomas Bartlett est moins en roue libre même si ses fulgurances – entre les coulisses des Oscar 2018 avec la nomination de son ami Sufjan Stevens, les textos de sa mère, ses digressions sur la pression de l’eau de sa douche ou les restaurants qu’il fréquente-  laissent parfois songeur…

Heureusement, Iarla ó Lionáird, très loin de « l’homme triste » décrit par le fils d’un ami de Bartlett, enchante avec ses blagues pince-sans rire. Il brille à nouveau sur Song 44, une merveille où Bartlett se met à frapper frénétiquement les cordes du piano. Même scénario avec la sublime Song of the Glen qui amorce la dernière suite. Au rappel, le quintet nous emporte avec The Pilgrim’s song, morceau phare de 2, le titre tellement évident du 2e album. Maud Miller, une tornade, nous laisse exsangues. Au final, deux standing ovations largement méritées. Pas sûre qu’on ait la patience d’attendre de longs mois avant de les revoir sur scène.

 

 

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