Dans la série « ces musiciens irlandais qui ne jouent pas en France mais qui le mériteraient mille fois », voici le « guitar hero » Marc O’Reilly, auteur de deux beaux albums folk /blues /rock, « My Friend Marx » et « Human Herdings » sorti en mars dernier. Et il devrait pourtant : le garçon, qui signe des textes sombres ce qu’il faut, est français par sa mère… Jeudi 13 novembre, on prend donc l’Eurostar et direction The Islington pour aller écouter le « troubadour » originaire du comté de Waterford qui y joue le soir-même. En avril, son dernier concert dans la capitale anglaise au Servant Jazz Quarters était déjà impeccable, celui-ci montera encore d’un cran.
Histoire de donner le ton d’emblée, on commence avec l’imparable « Get back » revu et corrigé : Ok, le set ne fera pas dans le copié-collé des albums mais plutôt dans la relecture plus « électrisante ». La batterie de Peter Byrne s’invitera d’ailleurs sur des morceaux conçus à l’origine pour la seule guitare de O’Reilly. Direction ensuite le sud des Etats-Unis avec « le plus blues tu meurs », « Tell Old Joe ». La voix chaude, rocailleuse et surtout la rapidité de jeu (au rasoir) de O’Reilly laissent le public bouche bée. Un état qui perdurera tout le concert…
On enchaîne avec « Hail », morceau de bravoure et l’un des plus réussis du premier album. Albert Jones, son guitariste, s’approprie « Letting Go » et c’est d’une beauté à tomber. La ballade « Just so » gagne en peps et « The Scottish Widow » fait dans le gros son. Après le suave « La question » (« les gens pensent qu’il s’agit de « L.A. » question, se marre O’Reilly, d’humeur blagueuse), on se pince avec « You never », une claque magistrale. On aime « Reach Out », une chanson faussement enjouée sur la crise économique en Irlande. Dommage : pas d’ « African Day », inspiré par son voyage au Ghana où sa vélocité sur le manche est proprement hallucinante. A la place, une dernière salve de bon et gros blues avec « Same side » et l’excellent « The Wayward Sheperd » et on se quitte avec le magnifique « Bleed », où O’Reilly se « contente » de chanter pour laisser la part belle à son bassiste Mike O’Connell. Ce concentré de douceur vient clore un set d’une énergie folle qui confirme la virtuosité d’un guitariste (et songwriter) extra-terrestre.
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Allez « The Wayward Sheperd », histoire de se faire une idée du talent du monsieur :