Entre blues et gospel, Hozier, 24 ans, a confirmé, ce samedi, son statut de « sensation » dans un Trabendo acquis à sa cause.
« Mais pourquoi tu écris des chansons aussi tristes ? » se lamente ma voisine, Deirdre, de Galway. Ben oui, pourquoi Hozier, 24 ans, a-t-il autant le spleen? N’empêche que Deirdre a fait le voyage à Paris, comme d’autres Irlandais(es) pour voir le phénomène. Car oui Hozier, grâce à un E.P. très remarqué, est LA sensation en son pays depuis plus d’un an et un peu partout dans le monde. En France, cela commence doucement, après un passage au Nouveau Casino et un autre remarqué à Rock en Seine. Au Trabendo, le concert est complet avec, quand même, une majorité d’anglo-saxons.
Mais le voila, catogan et chemise de bûcheron, pour un set où son cocktail folk, blues, gospel va à nouveau fonctionner. En guise d’entrée, on a droit « Like Real People do », belle ballade boisée qui emballe un public conquis d’avance. L’affaire est réglée avec le tubesque « From Eden ». Entre deux gorgées de thé, et plus détendu que d’habitude, le chanteur, originaire de Bray, cité balnéaire située près de Dublin, prend soin de sa voix puissante et pourvoyeuse de frissons. Les titres de son premier album sorti en septembre dernier s’enchaînent : on aime bien « Jackie et Wilson », hommage vibrant au rythm and blues des origines et « to be alone », blues à mort. On retient également une belle reprise de « Illinois Blues » de son maître Skip James.
Le public chavire avec « Cherry Wine », l’un de ses morceaux phares et une petite merveille d’écriture qui a servi à la bande-son de « Le Rôle de ma vie », le dernier film de Zach Braff. Il fera de même avec « Sedated », titre gospel proprement addictif. Et on finit avec les choses sérieuses, « Take me to church », la chanson sur l’homosexualité dont le clip avait fait scandale. Un petit rappel avec une reprise de « One thing » de la chanteuse R’N’B Amerie et surtout l’excellent « Angel of small death & the codeine scene », qu’on croirait au répertoire d’une église d’Harlem. Malgré seulement une heure et quinze minutes de concert (un seul album..), Deirdre ne regrette pas sa virée parisienne. Elle n’est pas la seule.