John Spillane, songwriter « monument » originaire de Cork, était de passage ce jeudi à la Chapelle du Centre culturel Irlandais. Un bel écrin pour ce poète chaleureux et à l’ironie mordante.

Comment réussir une belle entrée en scène? Demandez à John Spillane, qui investissait jeudi la chapelle du CCI, car sans conteste, monsieur connaît la recette. Une belle tentative de présentation en français, tout en second degré, et hop le tour est joué. Le songwriter, originaire de Cork (avec son accent rocailleux, pas de doute possible !) est un champion à l’exercice. En témoigne ses textes d’une belle ironie. Et ça commence dès la première chanson, « There was a man ». « She was not the easiest woman in the world (…) he may not have been the easiest man » s’amuse-t-il avec ce titre sur le mariage tout en ajoutant plus loin que « underneath a purple sky, she was the apple of his eye ». C’est drôle et poétique à la fois : bref la parfaite combinaison.
« That’s a good one isn’t it?, You’re on fire » : on aime ses phrases gimmick qui font se marrer le public. Une petite blague sur la légende Christy Moore et les tubes, dans la tradition folk mais pas que, s’enchaînent. L’ambiance se détend un peu plus quand le conteur à la voix chaude attaque trois chansons de son album « Irish songs we learned at school » sorti en 2008. « J’étais dans le top ten avec Beyoncé et Britney Spears », précise-t-il pas peu fier. Les mélodies chantées en gaélique fonctionnent à fond auprès du public majoritairement irlandais et qui connaît les paroles par coeur. Retour aux compositions originales et mention spéciale à « All the ways you wander », sublime ballade écrite pour sa fille.
Le son de sa guitare se fait plus rageur sur la très inspirée « The Mad woman of Cork », d’après un poème de Patrick Calvin. Suivent deux morceaux qui sentent bon le pub et la Guinness « Magic Nights at the lobby bar » et surtout la très originale (et très drôle) « The ferry arms », au chant « parlé » et saccadé. On craque littéralement pour « Passage to west », une love song déchirante, avec l’émigration vers les Etats-Unis en toile de fond.
« So far, so good like ». Mais oui, John. Et c’est encore mieux quand il montre sa délicatesse à la guitare sur un très, très bel instrumental. Deux titres sur Cork (« Le centre de l’univers ») et on se quitte avec « Oro se Do Breatha Abhaile », repris à pleins poumons par le public. Bref, c’est un John Spillane en grand forme et chaleureux que l’on a vu hier soir alors qu’il vient tout juste de rentrer d’une tournée de huit dates en Nouvelle-Zélande et en Australie en compagnie de l’excellent Mick Flannery (en concert le 28 janvier au CCI !!)