Song of the sea ou le chant de la « mère »

affiche-le-chant-de-la-merAprès le sublime Brendan et le secret de Kells, le réalisateur Tomm Moore revient avec Le Chant de la mer, une nouvelle pépite en salles mercredi prochain. Un film d’animation autour du deuil, poétique et visuellement éblouissant.

Brendan et le secret de Kells, dont le graphisme s’inspirait des enluminures du célèbre livre irlandais, était une incroyable claque visuelle. L’histoire, plutôt sombre pour un film pour enfants, était un pari osé. Nommé aux oscars pour ce film, le réalisateur Tomm Moore a eu des propositions des studios US mais a préféré garder son intégrité artistique. Et on l’en remercie : son Chant de la mer, production irlando-franco-belgo-dano-luxembourgeoise, est une pure beauté. Alors que le cinéma d’animation ne jure que par la 3D, le film opte pour la traditionnelle 2D. Le dessin se révèle à la fois naïf et inventif (refus presque total des perspectives et moults détails) et d’une poésie folle. Pour certains personnages comme la grand-mère de Ben, le héros , on pense parfois à Sylvain Chomet et ses triplettes de Belleville. On reste bouche bée devant la beauté des décors, qui utilisent plusieurs techniques « old fashion » comme l’aquarelle.

Ce graphisme est au service d’un conte qui reprend quelques mythes de la culture celte comme les selkies, des jeunes femmes qui se transforment en phoque. Bronagh (la chanteuse Lisa Hannigan), la mère de Ben, est l’une de ces créatures. Le jour de la naissance de sa fille, celle-ci disparaît. Un départ qui plonge la famille (le père est incarné par Brendan Gleeson) dans une profonde tristesse. Ben accuse Saoirse, sa cadette d’être la cause de son malheur… On aura compris assez vite  la quête du petit garçon : dépasser son deuil et renouer avec sa sœur muette (à cause du traumatisme?). Pour ce faire, il croisera sur sa route un sage un peu fou, avec des cheveux interminables et  à la mémoire très courte et une sorcière pas si méchante car minée par le chagrin. Avec un tel sujet et des personnages puisés dans le patrimoine irlandais,  on ne peut s’empêcher de faire le rapprochement avec l’œuvre foisonnante de Hayao Miyazaki. D’ailleurs Tom Moore ne s’en cache pas, lui, qui comme le maître nippon, sait créer de l’enchantement et de la fureur (la scène de la tempête et la magicienne hibou) quand il faut. Le réalisateur n’a peut-être pas le génie de la légende de l’animation mais peut prendre le relais sans honte. Difficile de ne pas écraser une larme devant cette « renaissance », feux d’artifices pour les yeux et très, très émouvant.

tom moore 1

Rencontre hier au forum des images. Tom Moore est à gauche, assis à côté de son producteur Clément Calvet

tomm moore 2

Et un petit selfie avec son maître, Hayao Miyazaki

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