Et oui, on est comme ça : pourquoi voir Damien Rice une seule fois quand on peut s’offrir un deuxième round ? Retour donc sur les concerts de Cork (le 13 juillet) et de Galway (le 16). Si le premier fut sympathique, le deuxième est à oublier d’urgence…

Cork, le Marquee, 13 juillet. « ça faisait trop longtemps qu’on ne s’étaient pas vus ». Le genre de phrase convenue mais qui, ici, fait rire immédiatement le public. Colm Mac Con Iomaire s’y risque car deux jours plus tôt il mettait le feu dans cette même salle de concert (un grand chapiteau) avec le groupe de The Frames lors de leur concert anniversaire (25 ans déjà !). Il n’aura pas la même attention en assurant la première partie de Damien Rice. Et c’est bien dommage. C’est dans un bruit incessant que l’on découvre sa très « cinematic » musique instrumentale, entre airs traditionnels et pop. Accompagné d’une pianiste et d’un guitariste, le fiddler, l’un des meilleurs de sa génération, défendait And now the weather, son deuxième album sorti en avril dernier. On craque pour Emer’s Dream, très beau morceau mélancolique (disponible sur son premier opus The Hare’s Corner sorti en 2008), les irrésistibles The finnish line et A farewell to the sea. A noter qu’il sera en concert le 17 décembre à Vicar Street, à Dublin.

Vingt petites minutes plus tard (on en aurait bien écouté davantage…), la star du soir fait son entrée et vole outrageusement la phrase de Colm Mac Con Iomaire. Sauf que cette fois, on mesure le manque : et oui huit ans d’absence, c’est long, Damo. Il nous attrape d’entrée avec The Professor suivi évidemment par La fille danse au français approximatif. « Does he speak french? » me demande-t-on. Heu, comment dire… On enchaîne avec Elephant, qui démarre doucement pour finir comme une tornade. C’est l’hystérie dans le public. Damien Rice dégage une énergie (la guitare et le son électrique) et une sensibilité à fleur de peau qui immédiatement touchent au coeur. Le songwriter, seul en scène, occupe l’espace comme personne et on est prêt pour la grand messe. Une fille dans le public tente un « We love you Damien ». Réponse : » oui, comme tu aimes le chocolat. Tu le manges et tu sais comment cela finit : « it’s shit at the end » Damien, quoi, cynique quand il ne le faut pas…
On oublie et on poursuit avec I don’t want to change you : « On me demande souvent pourquoi j’écris des love songs, mais je n’en écrit jamais. Je ne parle que de colère, jalousie ou trahison. Celle-ci est mon unique chanson d’amour ». Ce n’est pas forcément notre préférée mais sur scène, elle passe formidablement bien. Et puis arrive 9 crimes, à tomber par terre de beauté (même si on regrettera toujours l’absence de Lisa Hannigan…) et évidemment reprise en coeur. Après un (long) discours sur la culpabilité qui fatigue un peu, voila qu’il s’installe derrière son harmonium pour Trusty and True, l’un des plus beaux morceaux du nouvel album. Et c’est un pur moment de grâce, le plus intense du concert : habituellement le titre nécessite des choristes (de mémoire, ils étaient une vingtaine sur scène aux Folies Bergères, lors de son dernier passage à Paris). Cette fois, il a choisi le recueillement, entre intonation de chanteur traditionnel irlandais et air religieux. Chair de poule et petite larmichette au coin de l’oeil.
Il nous achève ensuite avec Delicate et bien sûr Volcano, avec les canons inévitables chantés avec le public. Mais ça c’est la routine. Ce qui l’est moins, c’est le final de It takes a lot to know a man. Et là on se dit que le gars qui a inventé la pédale loop est un génie : Damien Rice chante dans le creux de sa guitare, mélange sa voix avec la clarinette, la guitare électrique, les castagnettes (et oui…) et une (lourde et puissante) batterie. Bref, une apothéose dans un déferlement de sons. Lors des rappels, il nous annonce qu’il travaille sur de nouvelles chansons (hé, hé) et monte sur une chaise dans un équilibre incertain pour jouer Cannonball, chanté à gorge déployée par le public, The greatest Bastard et bien sûr l’indispensable The Blower’s daughter.

Les retrouvailles seront beaucoup moins sympathiques au Big Top à Galway. Damien Rice ayant demandé la fermeture des bars à 21h30, certaines personnes étaient peu disposées à l’écouter et n’ont pas digéré son attitude de « diva ». Résultat : un public franchement hostile, parlant TRES fort et tout le temps. Une foule irrespectueuse même vis à vis de Colm Mac Con Iomaire, à nouveau en première partie, et lui même excédé (« c’est un marché aux bestiaux »). C’était extrêmement pénible de voir Rice souffrir sur scène et finir le concert contre vents et marées. Il n’a desserré les dents que pour dire à quelqu’un du public de se taire et d’aller au Roisin Dubh (une salle de concert à Galway), s’il n’était pas content d’être là. Egalement au programme du festival des Arts, Richie Egan aka Jape s’est moqué de lui deux jours plus tard lors de son propre concert (« chez nous les bars restent ouverts »). Pas très fair play de sa part car lui joue de l’electro-pop… C’est une machine à danser qui n’a évidemment pas besoin du même recueillement. Boire est donc plus important que la musique et ce malgré le prix du billet (45 euros quand même…). Il semble que Damien Rice soit plus apprécié à l’étranger que dans son propre pays (on lui en veut encore pour son attitude envers Lisa Hannigan…) et c’est un peu triste. Depuis, il a pu oublier ce concert désastreux lors des magiques Nuits de Fourvière à Lyon et surtout on l’accueillera comme il se doit ce soir au Grand Rex, et sans pinte de bière à la main, dis donc !
Incroyable ce manque de respect.
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Oui. Les gens venus de l’étranger étaient écoeurés… Grosse erreur, cette fermeture de bar…
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