Liam Ó Maonlaí et Sam Tshabalala inauguraient jeudi les Chapel Sessions du Centre culturel irlandais. Le leader des Hothouse Flowers et le songwriter sud-africain ont fait le pont entre Irlande et Afrique. Evident et puissant.

Il arrive pieds nus sur la « scène » de la Chapelle du Centre culturel irlandais. Pour le physique, on hésite entre Jésus (cheveux longs et barbe biblique) et « The Dude », anti-héros de The Big Lebowski des frères Coen. Liam Ó Maonlaí n’est pas conventionnel, c’est sûr, et sa voix encore moins. Elle nous attrape d’entrée : forte, puissante, émouvante, elle emporte tout. Impossible de ne pas fondre en écoutant ce chant viscéral. Il prend tout le corps et sonne comme un héritage. « Le meilleur chanteur blanc de soul » (dixit Bono) se dit atteint d’un « choc post-traumatique », résultat de cette époque où en Irlande, on interdisait de chanter en gaélique. Pour ses projets en solo, le leader du groupe Hothouse Flowers célèbre cette langue longtemps maltraitée (écouter son album Rian, une merveille)
Française de base que nous sommes, les paroles restent pour nous mystérieuses (aucune explication de texte..), peu importe, le charisme et la puissance d’interprétation du bonhomme suffisent à notre bonheur auditif. Fasciné, le public écoute religieusement et finit par participer quand arrive Give it up, le tube des Hothouse Flowers. Joué seulement au piano, son côté pop et rock s’efface un peu mais gagne en émotion.

Auparavant, Liam Ó Maonlaí, attaché à ses racines mais qui aime voir « ailleurs », a laissé la scène au guitariste Sam Tshabalala, originaire de Pretoria, parisien depuis lontemps et rencontré lors d’un festival de world en Espagne. Le pont entre Afrique et Irlande est solide et évident. Ó Maonlaí accompagne le songwriter au piano et au bodhran, se met au service de son écriture (dédiée au passé tragique de son pays marqué par l’Apartheid), de son chant sensible et délicat. Instants de grâce. On retient également, celui où Père Liam déambule dans le public, pour un morceau a cappella, distribuant des hugs à des spectateurs à peine désarçonnés. On a droit à un dernier duo avec Tshabalala, et une tentative maladroite et drôle de Ó Maonlaí de danser à la zoulou (remember Johnny Clegg).
On se dit finalement au-revoir avec An Raibh Tu ar an gCarraig (were you on the rock), une chanson « code » utilisée à l’époque où il était dangereux de pratiquer la religion catholique. Elle servait lors des « Mass Rocks », ces messes clandestines organisées dans des gros rochers à la campagne. Un autre moment de lévitation dans un concert comme en apesanteur.