Pendant trois jours, la RHA gallery à Dublin propose Interlude, un tout nouveau festival avec un lineup entre artistes confirmés et stars en devenir. Au programme du Day 1 : le folk sans âge de Ye Vagabonds, le groove de Sample Answer, le RNB de Wyvern Lingo et surtout les nouveaux titres de Lisa Hannigan, en grande forme.

La journée avait mal commencé avec les résultats du référendum sur le Brexit. C’est donc un peu sonnée (et surtout très énervée) que l’on amorce ce nouveau festival organisé par la très select RHA Gallery à Dublin. Le lineup est plutôt électique, entre stars confirmées et jeunes pousses à suivre (en électro notamment). Il est presque 20h (donc on est en retard, mais en Irlande, cela ne vaut même pas discussion…), et dans la grande salle, Les Ye Vagabonds, qu’on a revus dernièrement au CCI, se sentent bien seuls. C’est simple, nous sommes quatre, allez dix avec le personnel au bar.
Un peu dépités, ils font néanmoins le job. Barbara Allen est toujours une merveille et on craque une nouvelle fois pour William O Winsbury. Le folk intemporel de Brían and Diarmuid Mac Gloinn méritait mieux que ce public réduit à peau de chagrin. La salle sera à moitié pleine lors de leur dernière chanson, un exercice de haute voltige en terme d’harmonie vocale. On apprendra plus tard que l’organisation a eu dû mal à gérer l’entrée des festivaliers…

Sample Answer prend possession de la scène. L’homme orchestre distille son groove avec son charisme nonchalant. Voix accrocheuse, chansons emballantes : on ne s’étonne pas du succès de cet embryon de phénomène. On valide à 100 % Good Boy, où il parle de ses addictions et des dangers à naviguer dans l’industrie de la musique. Mention très bien également pour l’irrésistible Textile Baby, avec une utilisation intelligente du vocoder.
Cinq chansons plus tard, il laisse sa place à Wyvern lingo. On a un sentiment ambivalent concernant les protégées d’Hozier. Autant, on aime les harmonies vocales sur Used (absente de la setlist) autant leur RNB, assez sage, ne nous convainc qu’à moitié. Le public semble plutôt conquis (une fille fait du houla houp et Diarmuid de Ye Vagabonds, fend la foule, en dansant avec enthousiasme), alors que de notre côté, on reste encore une fois sur notre faim.

Il commence à faire chaud quand arrive enfin Lisa Hannigan, l’enfant chérie de la scène pop-folk irlandaise (beaucoup ne pourront pas entrer dans la salle visiblement en surcapacité…) . Little Bird sert de belle mise en bouche. On poursuit avec Prayer for the Dying, le slow à la belle mélancolie, et premier extrait de At Swim, son troisième album, produit par Aaron Dessner (The National) dans les bacs le 19 août. Le rythme est plus rapide, moins cérémonieux, bref c’est une belle relecture scénique grâce notamment au batteur, au jeu original (faudra qu’on retrouve son nom, car il nous a bluffée pendant tout le concert…).
En tout, on aura droit à six nouveaux titres, dont le très réussi We The Drowned déjà entendu lors de son concert au CCI. Les arrangements et les mélodies laissent présager un opus ambitieux et ultra-mélancolique. Pas mal de changement dans la continuité. Lisa Hannigan demande du calme pour chacun de ces morceaux. C’est un peu compliqué… nous sommes en Irlande… Elle parvient à obtenir un calme relatif surtout avec le sublime Ora, où sa voix, en très grande forme hier, met les poils.
A partir de Fall, elle est accompagnée par les Ye Vagabonds, avec Brian au violon (le pouvoir des cordes, avec le contrebassiste…) et Diarmuid pour les choeurs et la guitare. Leur trio sur Passenger figure parmi les temps forts du set. Sur Lille, une autre oldie, le public redonne de la voix et ne s’arrêtera plus. Un dernier et vibrant inédit avec Lo, et on se quitte évidemment avec l’épique Knots. Hier, ce fut un set resserré (pour cause de festival), à fort quotient émotionnel et une preview ultra-convaincante de l’opus à venir. Quoi ? Le Brexit ? Lisa Hannigan nous l’a fait, un temps, oublier…
PS : on a raté We Cut Corners, September Girls et August Wells, qui jouaient dans une autre salle, à l’étage en dessous. Pas possible de se couper en deux et c’est bien dommage…
