Cela va devenir une tradition de Noël : aller voir à Dublin, Glen Hansard lors de ses concerts marathon pour la bonne cause. Lundi 15 et mercredi 17 décembre, à Vicar Street, il défendait celle des sans-abris via le Peter McVerry Trust et the Simon Community.Le dernier set fut épique…

Un concert de Glen Hansard, c’est comme dans le bâtiment : « on sait quand ça commence, on ne sait jamais quand cela finit ». Enfin si : cela dure 3h30 en moyenne. Lundi et mercredi, il nous donnait rendez-vous pour soutenir deux associations de sans-abris, le Peter McVerry Trust et Dublin’s Simon Community. Car il est comme ça Glen Hansard : une star concernée, qui évite de jouer les donneurs de leçon à la Bono. Il pourrait presque être agaçant à vouloir ainsi répandre la bonne parole mais sa sincérité est évidente. Mais parlons musique et de Lisa O’Neill, qui assurait la première partie. Pour se faire une idée, cette folkeuse a la gouaille d’Edith Piaf et la voix rocailleuse de Janis Joplin. Ce petit bout de femme a un sacré caractère : « il ne faut pas payer les taxes d’eau » (LE sujet qui fâche en Irlande en ce moment). Ok Lisa. Son tempérament se ressent évidemment dans ses chansons. On aime la « protest song » No train to Cavan et la déchirante Dreaming. Et puis une chanteuse qui rêve de cuisiner un ragoût pour Le King ( » Elvis, I give you an Irish Stew ») ne peut pas être une mauvaise personne. « Quand on veut un homme, tout passe par l’estomac ». Amen..
Et puis vient Père Glen qui met tout le monde d’accord d’entrée avec le festif et funky Don’t do it de Marvin Gaye. Surprise, il délaisse un temps sa guitare trouée pour une autre flambant neuve « fabriquée avec un banc d’une église ». Une petite blague sur les séants qui se sont posés sur ce fameux banc et les choses sérieuses commencent avec The Gift et Love Don’t Leave Me Waiting. La section des cuivres apportent un plus indispensable à When you mind’s made up ou Bird of sorrow . Même constat pour Song of Good Hope, enrichi par les cordes des deux violonistes et de la violoncelliste.
Lors d’un court passage en solo, on découvre un nouveau morceau, Paying My Way, belle ballade sur fond de crise économique. La très réussie Lowly Deserter, qui se joue habituellement à la mandoline et au trombone, prend de l’ampleur avec le groupe au complet. Le tromboniste Curtis Fowkles, au micro et chant fragile, nous gratifie d’un Wedding ring, à la fois drôle et touchant. Una O’Kane remplace efficacement le génial mais absent fiddler Colm Mac Con Iomaire, sur Fitzcarraldo. D’ailleurs à l’applaudimètre, les titres de The Frames (Fake, Revelate) font un carton.

Alors que Glen Hansard entonne Her Mercy avec « the lads », un abruti (et ouais) se met à hurler « you’re boring ». Hansard est plutôt du genre flegmatique d’habitude mais finit par lui lancer un « fuck off » fort approprié. Le public vient en soutien, en huant copieusement l’inconscient qui n’a pas dû boire de la menthe à l’eau. Bref, tout cela plombe un peu l’ambiance. D’autant que Sam McGuinness, le représentant de la Simon Community (qui reçoit la recette ce soir-là) se fait également chahuter par une hystérique.
Heureusement arrivent les invités et en premier lieu John Sheahan, la légende des Dubliners avec laquelle Hansard joue, au piano, l’émouvant McCormack’s Wall. Conor O’Brien, Paddy Casey, Declan O’Rourke, The Lost Brothers and the last and not the least Damien -The Greatest Bastard -Rice prennent le relais. Celui-ci d’ailleurs ne se joindra pas au final…. The Auld triangle entonné à pleins poumons par un public qui s’est (un peu) clairsemé au fil des heures. Certains n’ont pas survécu au marathon, parfois chaotique, mais toujours intense et généreux.
Le site de Simon Community
Le site du Peter McVerry Trust