Du 28 février au 2 mars, The Gloaming jouait à guichets fermés au National Concert Hall à Dublin. Soit trois rendez-vous immanquables où le groupe star de la musique traditionnelle irlandaise a faire la part belle à ses nouveaux titres.

Trois concerts sold out en un temps record. C’est peu dire que le retour de The Gloaming au National Concert Hall était attendu. Pas très étonnant car les fiddlers Martin Hayes et Caoimhín ó Raghallaigh, le chanteur Iarla o’lionaird, le pianiste Thomas Bartlett et le guitariste Dennis Cahill, tous deux américains, ont bluffé la critique et trusté les charts en Irlande l’an passé. Les voilà stars d’une musique traditionnelle largement revisitée avec des accents jazz ou pop.
C’est donc dans un National Concert Hall (l’équivalent de la salle Pleyel ou la Philarmonie à Paris) plein à craquer que le groupe va se produire en ce 2 mars. Dès les premières mesures, il met les choses au point : pas question de faire du sur place. Les concerts auront valeur de test pour ses nouveaux morceaux (ce qui veut dire un deuxième album, ô joie). Et à l’applaudimètre, cela semble déjà gagné. Certains titres, dans la lignée des excellents Opening set ou the Sailor’s Bonnet (heureusement sur la setlist celui-là), sont proprement étourdissants. Impossible de rester de marbre devant tant de virtuosité. Le duo Martin Hayes et Caoimhin ó Raghallaigh, avec son hardanger norvégien, au son plus grave et mélancolique, est assez miraculeux. On aime également les chansons, comme Oisin (qui débat avec Saint-Patrick) ou une autre interprétée en… anglais. Mention spéciale à Cucunandy, une ballade chantée tout en douceur par Iarla O’Lionaird.

Au plaisir de découvrir des nouvelles compositions, s’ajoute une évolution assez réjouissante du groupe. Martin Hayes, légende du violon qui est le plus souvent le point d’attraction, laisse un peu plus de place à ses partenaires. Par exemple, Hunting the squirrel habituellement centré sur Hayes, est repris et ré-interprété librement par Thomas Bartlett et ensuite par Caoimhin ó Raghallaigh (qui prendra le lead sur d’autres airs). La combinaison du jeu sensible et mélancolique du fiddler et celui expressif et physique de Bartlett est d’une beauté à tomber.
Le pianiste, aka Doveman, est assez impressionnant sur Song 44 (un ancien morceau puissamment chanté par Iarla o’lionaird) où il tape littéralement sur les cordes du piano. Quelqu’un dans la salle demande, et on le comprend, Samhradh Samhradh. « Ce n’est pas vous qui me l’avez demandé le premier soir » rigole Iarla o’lionaird, habillé comme un banquier selon Martin Hayes… En lieu et place, ce sera Saoirse (Freedom), le genre de chanson qui donne des frissons. Car c’est cela aussi The Gloaming, de l’émotion pure, évidente et immédiate, et pas uniquement de la technique ou de l’expérimentation. A ce stade, le public en est déjà à sa deuxième standing ovation. Alors que Londres (ce mardi), l’Australie, la Nouvelle-Zélande et Mexico vont certainement leur faire un triomphe, on voudrait également tous se lever à Paris. Mais c’est juste une suggestion…
P.S du 5 mars : le Meteor Choice music Prize (prix équivalent à celui de la SACEM) du meilleur album de l’année 2014 a été décerné à The Gloaming, évidemment ! En face d’eux, Delorentos, le phénomène Hozier, U2, les excellents James Vincent McMorrow et Damien Rice : un bel exploit donc !
Merci !
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