
Avec le très beau Darling Arithmetic, son troisième album studio, Villagers a envoûté le Café de la danse hier soir. Zéro faute de goût pour ce set proche de la perfection (si, si).
Il y a deux ans, Villagers peinait à remplir la Cigale. O joie, hier soir, le Café de la danse affichait complet (« c’est bon pour l’ego ») pour Conor O’ Brien et sa bande. Son troisième album, Darling Arithmetic, a été, très justement, soutenu par la presse, d’où l’affluence qui visiblement fait plaisir au songwriter. Décor soigné avec grands tapis au sol et lumière douce, une lampe sur pied comme à la maison : tout est en place pour un concert intimiste.
Les choses sérieuses commencent logiquement avec la chanson qui a donné son nom au LP. Dans ce morceau sur la fin d’un amour, O’Brien s’y livre comme jamais. C’est d’ailleurs le cas avec tous les titres de ce nouvel opus qu’il a enregistré seul, chez lui à Malahide, dans la banlieue de Dublin. Un exercice d’épure qui, sur scène, prend de l’ampleur grâce à des ajouts d’instruments comme la contrebasse et la trompette. Les mélodies s’enrichissent, prennent un ton (un peu plus) mélancolique. C’est d’une beauté à tomber. Mention spéciale à Dawning on me : Conor’ O Brien commence seul à la guitare, soutenu aux claviers par Cormac Curran et par les jeux délicats du batteur et de la harpiste. Le charme opère instantanément.
Après les renversants So Naïve et No one to blame, on a droit à quelques « oldies » avec That Day, Memoir (qui prend des accents jazzy) et My Lighthouse et là surprise, même le fan de base, a du mal à retrouver ses petits. Pour plus de cohérence avec le son du nouvel album, les chansons ont été complètement ré-arrangées. Difficile d’éviter les superlatifs quand on entend le résultat. Le grand écart est encore plus flagrant à l’écoute de l’énergique The Waves, à l’origine aux teintes électro et au final hypnotique. La relecture, plus « organique » est déstabilisante mais dans le bon sens du terme. De l’émotion à l’état pur, bref du grand art. « I promise i’ll be right sickness and in health, in the darkness and the light, i give you every side » : on chavire en écoutant le sensible et délicat Everything I am is yours, l’un des titres les plus aboutis.
Conor O’Brien, vocalement affuté, n’est pas un grand communicant : sa musique parle pour lui. On a quand même droit à une petite explication de texte de Hot Scary Summer, l’un des titres phare du dernier opus sur la fin d’un amour. Place ensuite à la très réussie Little biggot dans laquelle O’Brien revient, à nouveau, sur ces moments où il a dû affronter les regards ou les remarques d’homophobes. Après les deux « tubes » Ship of promises et Becoming a jackal, joués seul à la guitare, arrive l’imparable Courage, premier single où il parle ouvertement de sa sexualité. « It took a little time to get where I wanted, it took a little time to get free ». Du temps, il n’en a pas fallu beaucoup à Conor O’Brien pour devenir indispensable à la scène pop-folk irlandaise. La preuve encore hier soir lors de ce set mémorable.