On y était : Colm Mac Con Iomaire à Vicar Street, Dublin

Entouré d’un groupe au complet, le fiddler Colm Mac Con Iomaire a bercé Vicar Street, hier soir, de sa musique instrumentale et « cinématique ». Avec, pour ouvrir les festivités, le poète Stephen James Smith et la bouillonnante Lisa O’Neill.

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Colm Mac Con Iomaire, à Vicar Street, Dublin, hier soir

De mémoire de « concert addict », on n’avait jamais vu ça : Vicar street, la salle la plus connue de Dublin, avec en fosse des tables et des tabourets, le tout éclairé par des bougies. On pense qu’on aura droit à « un gig  for grannies », de ceux, tous calmes, qu’on savoure en buvant  une tasse de thé (irlandais évidemment).

Sauf que Lisa O’Neill, dont on a adoré le dernier album Same cloth or Not, déboule sur scène et là c’est une toute autre histoire. Elle prend le relais de Stephen James Smith, un poète assez incroyable, adepte du slam (beaux textes sur Dublin, et un autre en hommage à sa mère) qui a déjà bien déridé l’assemblée. La fille de Cavan, qui de loin ressemble à une Edith Piaf folk (même gabarit, même tessiture de voix en plus cassée, même détresse dans les chansons), revient avec des nouveaux titres qui vont être enregistrés en France, à Nantes (info donnée par l’artiste herself après le show). Sortie de l’album prévue en avril 2016. Encore une fois, elle prend la défense des femmes quand elle s’inquiète du sort de Gormlaith, l’épouse du roi Brian Boru (« accusée de porter malheur par qu’elle était rousse»). Dans The Hunt, elle parle du destin des compagnes de soldats de la guerre d’indépendance tués à Sydney et dont le cadavre est resté suspendu au bout d’une corde pendant un mois. Pour « l’exemple ». On est content d’apprendre qu’elle fera la première partie de Glen Hansard ce dimanche à nouveau à Vicar Street. Hâte !

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Lisa O’Neill

Et puis vient la star du soir et il n’est pas seul. Quand on l’avait vu cet été assurant la première partie des concerts de Damien Rice, l’un à Cork, l’autre, désastreux, à Galway, il était accompagné d’une pianiste et d’un guitariste. A Vicar Street, c’est le grand jeu, avec pas moins de dix musiciens sur scène, dont l’excellent Mossy Nolan, au bouzouki et à la guitare, et deux membres et « collègues » de The Frames, Joe Doyle (basse et contrebasse) et l’indispensable Graham Hopkins à la batterie. L’ajout de percussions, peu présentes sur son deuxième et très beau album solo And Now the Weather, ajoute d’ailleurs davantage d’ampleur à la musique très « cinématic » du fiddler (d’ailleurs il nous gratifiera de sa bande-son pour un film irlandais qui sortira bientôt).

On aime beaucoup Emer’s Dream, issu de son premier opus The Hare’s Corner, ou comment bien utiliser la pédale loop pour donner toute sa profondeur au son du violon. Comme si l’instrument se répondait lui-même, en canon. Une technique que le violoniste ( guitariste à l’occasion) utilise sur quasi tous ses morceaux. On craque pour A finnish line, résultat « d’un jet lag, d’une crise existentielle et du mal du pays ». Tout le nouvel album est passé en revue : on a droit aux très réussis A study in scarlet, inspiré entre autres par le titre d’un roman de Sherlock Holmes et à Flower / Blath, résultat d’un travail pour une pièce pour enfants. Colm Mac Con Iomaire mentionne à plusieurs reprises ses collaborations avec des poètes : pas étonnant, tant sa musique inspire la rêverie et la mélancolie.

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Stephen James Smith, poète

Jusque là un peu timide mais pratiquant un humour très pince sans rire, il émeut l’assistance quand il parle du combat perdu par sa sœur contre la maladie (In the Arms of the Angels). Beau moment également quand Oisin, son fils, monte sur scène, pour déclamer les seules paroles du bien-nommé The Legend of Oisin : « We are making colors. Stains are there for ages » récite le petit garçon, auteur de ses lignes. Alors que Colm Mc Con Iomaire s’inquiète de savoir si on ne s’est pas endormi, on se dit presque « adieu » avec l’énergique A Farewell to the sea. Un rappel avec Solasta, un nouveau morceau sur l’insurrection de Pâques en 1916 (grosse commémoration prévue l’an prochain). Léger remous dans la salle car visiblement, le sujet est « touchy », et ce n’est pas étonnant quand on connaît cet épisode douloureux de l’histoire irlandaise. « C’est bon de vivre dans une époque où l’on vit pour son pays au lieu de mourir pour lui ». On ne peut qu’adhérer à ce discours ainsi qu’à la musique de l’un des meilleurs compositeurs et fiddlers de sa génération.

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Setlist du concert de Colm Mac Con Iomaire, à Vicar Street, Dublin

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