On y était : Saint Sister à l’Olympia Theatre, Dublin

Le 11 octobre, Saint Sister a envoûté l’Olympia Theatre à Dublin. Le duo d’atmosfolk venait présenter « Shape of Silence », son très attendu premier album. Bidouilleuses de sons, Gemma Doherty et Morgan McIntyre ont assuré une soirée magique de bout en bout.

En 2015, Saint Sister définissait un son atmosfolk avec un EP intitulé Madrid. Le duo a ensuite pris son temps pour livrer Shape of Silence, son premier album, sorti en septembre et produit par Alex Ryan (Hozier). Gemma Doherty et Morgan McIntyre ont bien fait : ce galop d’essai est un petit bijou de folk dreamy, où l’on convoque aussi bien la harpe, le folk sixties, les harmonies vocales éthérées que les sons synthétiques. On y parle d’Irlande brisée mais aussi d’amours mortes,  d’amitié, d’émigration, de chômage et de cette sensation d’être mis de côté.

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En ce 11 octobre, après un tour de chauffe plaisant avec Tandem Felix et Sorcha Richardson, le duo s’apprête à présenter son bébé sur la scène de l’Olympia Theatre, salle au décor rococo qu’on adore, à Dublin. L’ambiance se fait atmosphérique dès le départ avec l’intro instrumentale de The Beginning, qui aborde le début d’une longue amitié. On enchaîne assez vite avec Twin Peaks, (bel usage d’un bol tibétain) dont le titre est évidemment inspiré de la série du même nom et aborde un passage à vide dans la vie d’un ami. Dans la salle, le charme opère déjà, grâce à une présence scénique évidente et à l’art des deux jeunes femmes de mêler voix, instruments organiques et machines.

Bruce Springsteen

On revient à l’EP avec Tin Man, référence au Magicien d’Oz et surtout lettre d’amour à la mélodie ultra-délicate et portée par des voix d’anges. Gemma Doherty frappe sur le corps de sa harpe, sample le bruit émis et crée un beat envoûtant sur Castles, la chanson qui les a révélées. Une technique imparable qu’elle utilisera plusieurs fois. Madrid est toujours aussi irrésistible et voilà qu’on convoque Bruce Springsteen avec une reprise toute en harmonies vocales et sans instrument de Dancing in the Dark. Frissons à l’écoute de cette cover au rythme un peu plus rapide que d’habitude

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Le groupe qui les soutient et donne un peu plus d’ampleur aux morceaux les quitte le temps de Corpses et de la sublime Versions of Hate. Après l’incontournable Blood Moon, les deux jeunes femmes à la timidité touchante unissent leurs voix, avec pour tout instrument un harmonium, pour offrir le bouleversant Tir Eile (une autre endroit), un morceau en anglais mais le plus celtisant de la soirée. Auraient-elle été influencées par Anahorish de Lisa Hannigan? Un morceau d’après l’œuvre de Seamus Heaney qu’elles ont interprété avec la chanteuse à plusieurs reprises, notamment lors de leur propre concert au National Concert Hall (voir ici).

On arrête de se poser la question après Half Awake, le délicat The Mater et surtout Causing Trouble, le deuxième pic émotionnel de la soirée. On pensait secrètement revoir Lisa Hannigan (cf le concert déjà mentionné) mais les « remplaçants » sont tout aussi classes. Le rappeur Jafaris et le DJ electro Kormac avaient participé à une relecture du titre récemment (voir ici): les voilà donc sur scène avec le premier, vu dans le film Sing Street, qui balance son flow.

Champs de blé

Dans la salle, on se lance dans une « danse du champs de blé », soit le bras droit allant de gauche à droite (les fans de Depeche Mode ont l’habitude…). Sur Steady, « ambient » et synthétique, Gemma et Morgan ont fait appel à Kevin Breathnach, un ami d’université et romancier,  sur une romance qui se termine. Beau. Et on se quitte en douceur et dans de belles volutes vocales, avec You never call, que James Vincent McMorrow avait d’ailleurs remixé. Le public, qui n’en a pas eu assez, ne peut que succomber, en rappel, à la subtile reprise a cappella de Dreams, en hommage à feu Dolorès O’Riordan des Cranberries.  Le rendez-vous fut beau et intense : évidemment, on ne ratera pas celui du 5 décembre au Pop up du label à Paris.

 

 

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