On y était : Glen Hansard au Casino de Paris

Comme d’habitude, Glen Hansard a été généreux lors de son rendez-vous à Paris le 27 avril.  Au menu : le nouvel album « The Wild Willing »  et des guests au service d’un performer inspiré.

Le dernier rendez-vous de Glen Hansard à Paris avait été donné dans l’intimité de la chapelle du Centre Culturel irlandais en novembre 2018. Un concert à rallonge et entre amis, qui nous avait emballée (voir ici). Le décor est plus baroque au Casino de Paris, où l’ex-leader de The Frames se produit en ce 27 avril. Entouré de sa bande habituelle (cordes, une section de cuivres moins fournie), il a un nouveau bébé à présenter. Un nouveau-né, baptisé The Wild Willing, en grande partie conçu à Paris, au CCI justement.  Si l’opus précédent nous avait déçue, ce quatrième album solo, entre folk, expérimentaux rock et orientales, montre un songwriting plus innovant et comme regénéré.

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On le constate d’entrée avec Fool’s Game, qui commence comme un air folk classique pour s’achever dans un déluge sonore qui prend aux tripes. Même effet avec I’ll be You be me, commencée dans un murmure et au final en forme de litanie rock. Surprise ! Warren Ellis, la « mauvaise graine » de Nick Cave et sosie officiel de Sébastien Tellier (ou le contraire), vient le soutenir au violon sur ce morceau et sur Don’t Settle.  Un peu de « oldies » (récentes quand même) avec Little Ruins  enchaînée à When Your Mind’s Made up, un incontournable de The Swell Season.  Le public, assis mais qui voudrait certainement être debout, commence à montrer son enthousiasme. Ça se confirme avec Bird of Sorrow qui s’achève avec un « For me, for me, formidable » : un hommage à Aznavour, en France, qui va de soi…

Bob Dylan

Ce grand bavard, bien silencieux jusque là, parle enfin pour présenter Mary (« des Marie, Maire, Marketa dans la salle ? ») et Winning Streak, son hymne springsteenien à l’amitié. On ne l’arrêtera plus. Bob Dylan, autre mentor, est à l’honneur dans The Closing Door. « Cette chanson m’est venue après avoir vu Dylan sur scène. Je pensais que ce serait la dernière fois. Et puis, on m’a dit que c’était une chanson sur l’environnement » rigole-t-il alors que l’un des frères Khoshravesh tarde à monter sur scène. Les musiciens iraniens ont largement participé au dernier LP de Hansard mais n’ont pas pu assurer toutes les dates de la tournée (problème de visa…). On mesure donc notre chance : les notes orientales, envoûtantes, font leur effet,  également sur Race to the Bottom. Le jeu de Javier Mas, le guitariste de Leonard Cohen,  participe également à ce moment de grâce.  Joueur, Glen Hansard échange sa guitare avec lui sur Didn’t he ramble et Javier Mas se lance dans un solo électrique étonnant et franchement séduisant.

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Lisa O’Neill   

Pour la note « musique trad », on a droit à McCormack’s Wall, résultat d’une nuit  particulière et arrosée avec la grande Lisa O’Neill.  Curieusement pas de violon en guise d’épilogue, pour une vraie ambiance pub. Tant pis… Warren Ellis revient faire coucou sur Leave a light. Une ballade belle et cosy. Hansard semble avoir été sensible au discours  récent de l’écrivain Edouard Louis car il lui dédie le bluesy Way Back in the Way Back When, titre sur la condition des migrants. On regrette l’absence de Curtis Fowlkes au trombone mais Paddy Sherlock, musicien irlandais bien connu à Paris, vient jouer les remplaçants de luxe.  Il se lâche sur l’euphorisant  Lowly Deserter, tout en mandoline.  Après un Grace Beneath the Pines en quasi acoustique, on ne peut échapper à Falling Slowly, hit qui abuse du sucre… On préfère de loin, le groovy Mercy qui s’achève avec Bird on a Wire, du regretté Leonard Cohen.  Parce qu’il aime soutenir les artistes, Hansard, qui semble regretter le peu de Parisiens dans la salle, laisse sa place à Joe Quartz, de la chanson française un peu rétro plutôt convaincante.  On se quitte presque avec Fitzcarraldo, titre emblématique et épique de The Frames. Warren Ellis se débrouille plutôt bien pour remplacer Colm Mac Con Iomaire,  fiddler et pilier du groupe. Glen Hansard, performer infatigable, voudrait jouer plus longtemps, mais le couvre-feu arrive bientôt. Et on s’offre un final avec le band en entier, en acoustique, avec Passing Through de Cohen. C’est chaleureux, à l’image d’un homme qui se nourrit de la scène et toujours aussi généreux.

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