Habitué à jouer en solo, le songwriter folk Ciaran Lavery était entouré d’un trio de cordes mardi 22 décembre au Mac de Belfast. Résultat : un peu plus de beauté à son songwriting subtil et délicat.

Rosie Carney arrive timidement sur la scène du Upstairs of the Mac, une salle intime d’une centaine de places. La jeune folkeuse (18 ans), originaire du Donegal, a la lourde tâche d’ouvrir le bal, avant le concert sold out de Ciaran Lavery (celui du lendemain affiche également complet). On la sent fébrile. Ses quelques fautes à la guitare et des paroles oubliées sont vite pardonnées tant ses compositions tiennent la route. On aime particulièrement Misery qui, bizarrement, se révèle la plus « funky » en terme de rythme et de mood. Elle s’enfuit presque, sous des applaudissements sincères. Elle devrait être une des sensations de 2016. La preuve : sa participation prochaine au très hype South by Southwest d’Austin.
Puis arrive Ciaran Lavery. On a fait sa connaissance grâce à notre chouchou Marc O’Reilly avec lequel le songwriter, originaire du village de Aghagallon (Irlande du Nord), a partagé plusieurs fois l’affiche cette année. Deux hommes à la guitare, deux genres plutôt différents. Du folk-rock-blues pour O’Reilly et de la chanson « boisée » à écouter près du feu pour Lavery. Cette fois, celui qui a l’habitude de jouer en solo a eu la bonne idée de s’entourer d’un trio de cordes (deux violons et une contrebasse). Et c’est un pur bonheur pour les oreilles. Les nouveaux arrangements ajoutent de la mélancolie et un supplément d’âme à des compositions qui en avaient déjà beaucoup.

Lavery, à la voix rauque chaleureuse, n’est pas du genre expansif mais force sa nature et à chaque fois, c’est pertinent et drôle. On a bien sûr droit aux titres de Kosher, son dernier EP : on adore Left in America, un des singles sorti cette année, et Orphan, deux de ses morceaux les plus poppys (mais jamais sucrés). On ne peut pas passer à côté de Lovers who make love et Shame – un petit bijou qui a fait un carton sur Spotify (plus de 14 million d’écoutes) – tous deux issus de Not Nearly Dark, son premier album sorti en 2013.
La setlist comporte également des reprises parfaitement maîtrisées. Sûre que Bruce Springsteen appréciera la relecture de The Streets of Philadelphia. Mais, les poils se dressent définitivement pour une nouvelle version de Love will tear us apart de Joy Division. Comme quoi un chef-d’oeuvre peut s’adapter à tous les styles. Le son eighties est complètement gommé grâce à un tempo beaucoup plus lent et les cordes, encore et toujours, font leur oeuvre. En guise de cadeau bonus, on nous sert de l’inédit avec notamment Return to form, dont le tournage de la vidéo a été épique, car effectué pendant la tempête Desmond…
Ce rendez-vous à Belfast, qui s’achève avec un émouvant Merry Little Christmas autrefois chanté par Judy Garland, s’est révélé assez magique et ultra convaincant. Désormais, on rêve de découvrir ce que le Nord-Irlandais peut donner en concert avec Ryan Vail, producteur de Derry aux influences electro, avec lequel il a co-écrit le mini-album Sea Legs. Cela nous vaudra certainement un autre voyage sur l’île d’Emeraude.
Et voilà ce que cela donne avec des cordes… Magique.
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