Du 23 au 25 janvier, The Divine Comedy a donné une leçon de pop orchestrale et de fun aux Folies Bergère, lors de trois concerts complets et généreux (deux heures, avec la géniale Lisa O’Neill en guest). On vous raconte tout.
La Pop (orchestrale) est une affaire sérieuse qu’il faut faire sans esprit de sérieux. C’est le credo de The Divine Comedy depuis plus de vingt-cinq ans. Aux Folies Bergère, lors de ses trois concerts sold out, Neil Hannon et sa bande l’ont une nouvelle fois respecté pour défendre Foreverland, l’album attendu depuis six ans. Si cette livraison inespérée a décu certains fans hardcore à cause de son manque de flamboyance, l’accueil fut beaucoup plus clément de notre côté. On avait donc hâte de (re)voir une version scénique après un avant-goût à la Philarmonie, la Gaîté lyrique et une Pias Night récente à la Maroquinerie.
Mais honneur aux dames avec Lisa O’Neill qui a ouvert les trois soirées. Accompagnée par le songwriter Mossy Nolan, la fille de Cavan délivre un folk roots, un peu comme si sa vie en dépendait. Elle séduit avec sa voix qui rappelle le sean-nos et ce mélange d’autorité et de fragilité (on pense à Edith Piaf). Entre les chansons, elle parle… beaucoup. Pour bien expliquer ses textes et les contextes de chaque titre (trois albums à son actif dont le récent Pothole in the sky, enregistré en France). Ah, l’anecdote sur Elvis Presley où elle s’imagine en train de préparer un ragoût au King, qu’elle a elle-même « confectionné » (une pochette de disque et des vêtements sur un clou font l’affaire). Rageuse, elle tape du pied, habitée et on ne peut que la suivre. Bonne nouvelle : elle revient le 29 mars en Chapel Session au Centre culturel Irlandais (elle y sera résidente pendant un mois).
Vingt minutes d’entracte et les premières notes du martial / très cabaret de Sweden annoncent les stars du soir. Neil Hannon arrive, pince-sans rire, dans son costume Napoléonien. On se marre déjà. Un sourire qui ne quittera pas les visages de l’assistance. Du fun, bon sang ! How can you leave me on my own de Foreverland remplit parfaitement le contrat. « Hommage » ensuite à la France avec le très ironique Frog Princess (Marseillaise à l’accordeon et au mélodica par Hannon, et bruit de … guillotine). On pioche à nouveau dans le dernier album avec l’impérial Catherine the Great, tout en clavecins.
Le guitariste Tosh Flood brille sur Bad Ambassador. L’accordéon est encore une fois en première ligne dans le tout beau, tout nouveau The Napoleon Complex, où Neil Hannon règle son compte à son ego. « Les fascistes progressent. Ils doivent être combattus, faisons un pacte, here we go ! » lâche le songwriter dandy qu’on n’imaginait pas aussi « politique ». On adhère sans problème à The Pact, valse ensorcelante et l’un des plus beaux titres du dernier opus avec To the Rescue, qui arrive juste après. Cette ballade dédiée à Cathy Davey, la compagne de Hannon, est un classique instantané.
Lors du final planant (l’accordéon encore et toujours et les dialogues d’un film italien) du hanté The Certainty of Chance, Neil Hannon s’éclipse pour revenir en londonien de la City. Soit le déguisement parfait pour The Complete Banker, pique réjouissante et évidente au monde de la finance. Ambiance cabaret avec le sombre Bang Goes The Knighthood sur l’enfance de Hannon en pension.
On enchaîne avec le festif Generation Sex. Ce cabot de Neil Hannon se balade en orchestre sur le chef-d’oeuvre Our Mutual Friends. Tous les smart phones sont évidemment en action pour filmer le happening. On s’offre un intermède très easy listening avec Spanish Flea du trompettiste Herb Alpert. Neil Hannon remplit son verre et celui de ses camarades grâce à un Globe -mini-bar. Hilarité dans la salle et voilà qu’arrive la délicieuse Cathy Davey, qui pose sa voix sur Funny Peculiar issue de Foreverland.
Un instant très Nancy et Frank Sinatra où, le dernier soir, la chanteuse manque de s’étouffer en buvant du vin rouge. Suivent les indispensables, le cruel et intemporel Lady of a Certain Age et Songs of Love (le 25, Neil Hannon se marre en faisant une référence, que peu comprennent, à la série Father Ted). « Enough of the sitting down !!!! » Le public se lève enfin à partir de Indie Disco. Alfie, Something for the Weekend, I like, National Express : les tubes incontournables s’enchaînent et les corps ondulent enfin.
Premier rappel avec le trio Assume The perpendicular (« sur l’architecture géorgienne, rien d’autre »), la très alcoolisée Drinking Song ( « je suis allé au Panthéon : vous pensez que j’y serai parmi les grands de la nation ?! » avant de se laisser aller … au petit rot de rigueur) et Absent friends. Un petit tour et puis on se quitte avec le moins attendu Charmed Life et l’inévitable Tonight We Fly. Oui, on a volé lors de trois soirées assez magiques et on aimerait planer à nouveau très, très vite (pas dans six ans donc). Ce message, Neil, si tu l’entends…
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