The Gloaming, le supergroupe de musique pas si traditionelle, était de retour à la « maison », le National Concert Hall à Dublin pour une nouvelle série de concerts évidemment archi-complets. On était présente à quatre rendez-vous sur les sept et on ne s’en est pas encore remise. On vous explique pourquoi.
Nous sommes le 11 mars et The Gloaming a déjà assuré trois concerts sur les sept prévus au National Concert Hall, à Dublin. Un retour triomphal à la « maison » : c’est dans cette salle Pleyel dublinoise que Martin Hayes (maestro du fiddle), Caoimhin O Raghallaigh (hardanger d’amore), Iarla ó Lionáird (chant sean-nos), les américains Dennis Cahill (guitare) et Thomas Bartlett (piano et producteur entre autres de The National et Glen Hansard) ont débuté et joué le plus souvent. Les billets se sont vendus en un temps record et on sait déjà pourquoi pour les avoir vus moult fois sur scène.
Ce marathon (quatre concerts pour nous) nous consolera d’ailleurs, après le récent passage du quintet, frustrant et décevant, à la Philarmonie à Paris. Programmé trop tard ( à 23h passés), il n’était pas au mieux de sa forme (surtout Thomas Bartlett…) et le set avait été un peu expédié. Le public partait par grappes entre les morceaux, bref on avait de la peine. On était sortie de la salle très énervée et ne comprenant ce peu de respect envers des artistes d’une telle envergure.
A Dublin, on oublie « l’affront » et on savoure d’entrée le chant d’un autre âge de Iarla O’Lionaird qui se fond avec l’irrésistible The Rolling Wave entamé par Caoimhin O’Raghallaigh pour finir avec the Music of the Glen. C’est un tourbillon où la virtuosité de Martin Hayes coupe le souffle. Son jeu complète parfaitement celui, plus expérimental, de Caoimhin O’Raghallaigh qui utilise un hardanger d’amore, au son plus grave. On a parfois l’impression, troublante, d’entendre le son d’un Uilleann pipe. Quand les deux fiddles conversent, ce sont autant de moments de grâce. Dans une ambiance plus mélancolique et sombre qu’à l’accoutumée, les morceaux se suivent dans un effet de fondus enchaînés et finissent toujours en apothéose. On aime toujours autant Chasing the Squirrel, issu du premier opus sobrement baptisé The Gloaming, avant que Martin Hayes ne s’autorise un solo introspectif qui arrache les larmes (The Girl who broke my heart).
Toujours aussi excentrique et imprévisible au piano, Thomas Bartlett apporte une touche d’originalité à cette relecture à la fois audacieuse et accessible de la musique traditionnelle mais agace par ses fulgurances sur le vin, les restaurants qu’il préfère à Dublin et… la pression de l’eau dans sa salle de bain. L’humour bien caustique du toujours très classe et drôle Iarla O’Lionaird remet les choses en place et annule ces moments un peu gênants. Parmi les actes de bravoure de l’ex-membre de l’Afro Celt Sound System, on succombe à sa Cathleen Ni Houlihan, une relecture autour de ce symbole de l’Irlande, en gaélique et en anglais (rare de sa part) sur un air très connu semble-t-il ici car diffusée régulièrement sur la RTE.
Il convoque le poète Sean O’Riordan pour The Pilgrim’s song, le titre phare du deuxième album logiquement intitulé … 2. On fait semblant de se quitter avec The Sailor’s Bonnet, un festival Martin Hayes. Un morceau entêtant qui met en trance, aux accents jazzy à la Stéphane Grappelli. Une bourrasque qui emporte tout sur son passage. En rappel, Caoimhim O’Raghallaigh et Thomas Bartlett brillent sur Fainleog et Iarla O’ Lionaird nous berce avec le très beau Samhradh Samhradh. De la magie jusqu’au bout.