Le poète Stephen James Smith le surnomme « young prince » : David Keenan, 23 ans, songwriter au folk rageur et amoureux des mots, a justifié le buzz autour de lui lors de son concert au Spirit Store, Dundalk, le 10 juin. Un rendez-vous forcément spécial car donné « à la maison ».
Spirit Store, Dundalk (pas loin de la frontière avec l’Irlande du Nord), le 10 juin. Stephen James Smith monte sur scène avec pour décor un chat noir encadré dans un coin et une lampe de salon dans un autre. La veille, il déclamait son slam devant 10 000 personnes au 3 Arena de Dublin, pendant le concert de Eddie Vedder et Glen Hansard. On a eu la chance d’être dans la salle et ce fut plutôt intense. Ambiance plus intime cette fois mais mêmes frissons à l’écoute de Dublin, où il égrène les beautés (et les défauts) de la capitale irlandaise. Il dédie son poème suivant à Danny Sheehy, le poète-marin du Kerry mort noyé en mer également la veille : après la joie de la rencontre avec le leader de Pearl Jam, la tristesse… Hommage émouvant à sa maman, à son courage dans les moments difficiles, son sens du sacrifice, avec The Gardener. Et il nous fascine avec My Ireland, morceau de bravoure commandé cette année par le festival de la Saint Patrick où encore, il se lance dans un portraits sans fards.
Il laisse sa place à l’enfant du pays, David Keenan, qui offre un poème filmé en guise d’introduction. Celui-ci est visiblement heureux de revenir à la maison. Le jeune homme de 23 ans a effet grandi à quelques kilomètres de là, dans un petit village. Sa famille est dans l’assistance, notamment son oncle, qui vient d’écrire un livre et lui a donné le goût des mots. Car, Keenan, qui a quitté l’école à 16 ans, s’est nourri des poèmes de Oscar Wilde, Brendan Benhan. Et ceux de William B Yeats, dont il reprend les mots dans un de ses titres, A Young boy leaves home.
Un amoureux des belles lettres (au style vestimentaire étudié, très « écrivain début du 20e siècle ») et surtout, un don assez bluffant pour raconter des histoires. On le constate dès le premier morceau de la setlist, le très réussi Cobwebs qui nous a permis de faire sa connaissance. On est déjà pris dans sa toile d’araignée. Les titres s’enchaînent révélant un songwriter au folk rageur. David Keenan, adoubé par le « national treasure » Damien Dempsey (Hozier et Glen Hansard adorent également), nous dira plus tard qu’il se met à nu dans sa musique. On veut bien le croire, d’autant que côté chant (il a le bon goût de garder son accent de Dundalk), c’est un peu la montagne russe émotionnelle. Le résultat de son apprentissage à Liverpool, où cet irlandais jusqu’au bout des ongles jouait de la guitare pour les touristes devant le mythique Cavern Club, où les Beatles ont été repérés (groupe évidemment au panthéon de Keenan).
On aime Good All Days et James Dean où il imagine l’icône du cinéma rêver à une vie loin des paillettes. Quand son ami le songwriter, Harry Hoban se met au piano, cela donne notamment le sombre et tragique Tin Pan Alley et le silence se fait d’emblée. Le public, gentiment chahuteur dans le fond de la salle entre les chansons, connaît visiblement les paroles de The Friary. Il donnera de la voix également sur El Paso, chanson que Keenan a composée quand il avait 15 ans et qu’on a découverte dans une vidéo virale tournée dans un taxi. On préfère Nazareth House, aux textes plus forts et rugueux. On se quitte avec Bike Shed, souvenir de rencontres avec ses amis et gros succès à l’applaudimètre. Après ces présentations convaincantes, on attend d’écouter l’EP et surtout l’album qu’il prépare avec le très respecté producteur John Reynolds ( Sinead O’Connor et … Damien Dempsey). Plus tôt dans la soirée, Stephen James Smith a plaisanté en disant que Keenan avait tout pour réussir et que s’il échouait, ce serait de sa seule et unique faute. Il nous enlève les mots de la bouche.
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