Dans une ambiance familiale et relax, Vantastival s’est déroulé du 1er au 3 juin à Beaulieu House, Drogheda et a fait principalement la fête aux jeunes artistes irlandais. On vous raconte.
Beaulieu House, Drogheda, Irlande. Surplombant la rivière Boyne, le manoir, qui accueille Vantastival dans ses jardins du 1er au 3 juin, est assez spectaculaire. Pour la petite histoire, on apprend que l’une des anciennes propriétaires, Gabriel De Freitas, fut une pilote de course automobile sous le nom de Gabriel Konig dans les années 1960-70. Notre petit cœur de féministe fait boom.
Les fées, qui ont leur tente dans la zone des enfants, semblent avoir pris soin du festival cette année. Pas une goutte de pluie ne viendra ternir les trois jours de fête. De quoi savourer pleinement, sans bottes en caoutchouc ni poncho en plastique, le line-up constitué exclusivement de musiciens irlandais. Trois scènes (dont une très agréable dans les bois) pour accueillir plus de 70 groupes et artistes solo.
L’ambiance est relax, très kid-friendly (la zone avec jeux et animations citée plus haut) et familiale (donc très loin de celle d’autres festivals aux dimensions gigantesques). Un rendez-vous qui attire les jeunes du coin et quelques hippies. Certains sont venus en vieux combi-van d’une célèbre marque allemande, parqués non loin (d’où le nom du festival). Mais parlons musique et de nos coups de cœur.
Day one : Marc O’Reilly, tout électrique
En ce premier soir, on commence avec Silent Interlude, de l’indie-pop ambiante boostée avec des riffs puissants de guitare. On pense de loin à London Grammar (d’ailleurs la voix de la chanteuse Niamh Walsh rappelle celle de Hannah Reid). La musique traditionnelle de The Bonny Men fait son effet auprès du public qui se met à danser pratiquement dès le début du set. Irrésistible. Compliqué pour Marc O’Reilly de prendre le relais. Mais comme à son habitude, ce guitariste hors pair, bien accompagné par Peter Byrne à la batterie et Mike O’Connell à la basse, assure le show. On aime sa voix de graviers et son songwriting qui, cette fois, prend franchement de l’électricité et lorgne vers les seventies. C’est d’ailleurs assez notable sur les derniers titres en date, comme Dollar, Enemy of, à la Led Zepellin, disponibles sur L’Etre politique, son album sorti en mars. On craque toujours autant sur The Scottish Widow ou The Wayward Sheperd, où la dextérité du garçon épate. On file voir la fin de la prestation de Third Smoke, où il entame le très réussi Maybe in Time (sous influence Arcade Fire des débuts). On suivra de près l’évolution du quintet originaire de Dundalk.
Day two : Girl Power
En ce deuxième jour, nos oreilles sont en priorité dirigées vers les artistes féminines. Ines Khai, une Guadeloupéenne installée à Dundalk (petite ville qui se trouve à 35 minutes en voiture de Drogheda), ouvre le bal avec son folk – soul délicat, chanté en créole. Belle, et tout en douceur, entrée en matière. On fait un passage éclair au concert de Sophie Coyle, également de Dundalk, une folkeuse originaire de Galway, entourée de Caroline Whately ( à la basse), Sharon McArdle (claviers, harpe, accordéon) et Conor Taaffe (batterie). De quoi donner toute son ampleur à ses mélodies soyeuses, aux teintes gothiques (Delirium), des fables au storytelling imparable (elle fait la part belle aux femmes).
On doit malheureusement partir très vite (on se rattrapera plus tard pour un mini-concert en solo) pour découvrir LemonCello, le duo formé par Laura Quirke (guitare) et Claire Kinsella (violoncelle). On a droit à un vrai moment de grâce avec ce mariage parfait entre guitare – violoncelle. Les harmonies vocales, qui mettent les poils, sont au service de folk songs intemporelles et cotonneuses. Avec un Ep au compteur, intitulé Stuck Upon the Staircase, la setlist offre des reprises comme celle de Samhradh Samhradh, titre phare de The Gloaming. On aurait bien pris 40 minutes de plus. Peu de temps après, SELK (Anna Jordan et Dennis Cassidy) nous donnera une autre claque. Une prestation intense, où elle délivre un mélange de folk, de jazz (impressionnante ligne de basse), et d’expérimentations vocales (le magistral Beast, la chanson-titre de son album). C’est audacieux (l’ombre de Bjork plane) et constamment original.
Allez place aux garçons. On a découvert Elephant (également un artiste « local ») et sa voix de falsetto avec le tout nouveau et sexy Waiting Game, titre que n’aurait pas renié Prince et Roxy Music. Nulle trace de saxophone « so eighties » sur scène mais le multi-intrumentiste (Shane Clarke dans le civil), est cette fois entouré de trois musiciens, lui qui a l’habitude de jouer les hommes-orchestre. Sur la scène principale, il livre un set impeccable, où ses premiers morceaux à la Bon Iver se marient parfaitement avec ses livraisons récentes. On file dans les bois où on adhère immédiatement au rock énervé, teinté de groove et de jazz (saxophone) et de féminisme (Groove, F.uck Me) de Vernon Jane. On suivra de près la bande (belle présence de la chanteuse Emily Jane O’Connor) après avoir assisté à ce live plus qu’énergique.
Même sens du show de la part de l’impressionnant R.S.A.G, (Rarely Seen Above the Ground, Jeremy Hickey dans le civil), batteur-chanteur (ce qui est assez rare pour être souligné). Le son est entêtant (dans l’esprit Talking Heads) et groovy . On nous gratifie également des visuels urbains de Geppetto et du bombage de torse « très bête de scène », indispensable à la fin de chaque morceau. Il est plus de minuit et on se quitte avec l’électro de Le Galaxie qui compte désormais la chanteuse MayKay (ex Fight LIke Apes) dans ses rangs. C’est d’une efficacité redoutable et notre corps ondule comme une évidence. Pure Pleasure.
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