LemonCello, c’est la réunion assez magique et tellement évidente de Laura Quirke (guitare, voix) et Claire Kinsella (violoncelle, voix). Stuck upon the Staircase, son EP sortie en avril dernier, écrit en France et en Irlande, donne à entendre des harmonies vocales posées sur un mélange de la guitare et du violoncelle. Du folk intemporel cotonneux, aux influences traditionnelles franchement irrésistibles. Les deux jeunes femmes se sont rencontrées sur les bancs de l’université de Maynooth où elles étudiaient la musique et les langues. Depuis quelques mois, elles enchaînent les dates, après une halte au Musée de la Piscine à Roubaix, en première partie du dieu folk Damien Dempsey. Depuis, elles ont partagé la scène de David Keenan, autre protégé du « National Treasure ». Lors du récent festival Vantastival à Drogheda, le duo nous a accordé quelques minutes avant son show bluffant dans les bois.
J’ai fait votre connaissance grâce au clip de Morning par le réalisateur Myles O’Reilly …
Laura : je suis allée à La Catedral à Dublin, où des artistes très différents peuvent venir travailler et c’est là que j’ai rencontré Myles, qui avait son studio juste au-dessus du mien…
Claire : Pour le clip, Myles (qui a travaillé avec Lisa Hannigan, Glen Hansard etc, ndlr) voulait découvrir la maison de Laura et il a tout naturellement posé ses caméras sur place. Rien n’était vraiment préparé. Il a fait ça dans un esprit documentaire, d’où l’idée du goûter avec les scones (rires).

Vous vous êtes rencontrées à l’Université : quand avez-vous décidé de faire de la musique ensemble ?
Laura : C’est la chose la plus naturelle qui soit de faire de la musique quand on aime faire ça ensemble et qu’on veut souffler de la fac (sourires). J’avais écrit les paroles des chansons de l’EP et Claire était la seule qui semblait intéressée ! Cela vous porte quand quelqu’un croit en vous. C’est difficile d’être seul quand on est musicien.
Claire : C’est venu naturellement, c’est vrai. On est devenues très amies assez rapidement. Il y avait un open mic dans le coin. C’était un bon exercice et les retours étaient positifs. On l’a fait une fois et on y a pris goût. C’est un peu parti comme ça.
Claire : Sur ce premier EP, on s’est concentré sur ce qu’on savait faire, le mélange des voix et des cordes. Je vois bien des cuivres sur de nouveaux morceaux qu’on pourrait prochainement enregistrer.

Pour l’instant, vous vous concentrez sur les cordes…
Laura : On joue de la guitare et du violoncelle, mais on ne se ferme aucune porte. On utilisera certainement d’autres instruments un jour. Mais, il est vrai que pour nous, pour l’instant, c’est plus naturel d’écrire avec ses instruments.
Claire : Sur ce premier EP, on s’est concentré sur ce qu’on savait faire, le mélange des voix et des cordes. Je vois bien des cuivres sur de futurs morceaux.
Claire, tu sembles être passionnée par les harmonies vocales…
Claire : on adore cela toutes les deux. Mon père me faisait écouter les Beatles, les Beach Boys, par exemple. Dans le même esprit, j’adore les Fleet Foxes, que j’ai vu à Dublin (en juillet 2017 à Iveagh Gardens). Le chanteur Robin Pecknold m’a même dédié une chanson (rires)
Laura : Claire a joué dans pas mal d’orchestres et c’est pour cela qu’elle est douée dans l’exercice. Pour ma part, j’assurais les chœurs dans le groupe de mon frère quand j’étais plus jeune mais j’ai surtout écouté énormément de musique folk. Cela doit venir de là également.
Votre folk est intemporel : c’est ce que vous vouliez faire dès le début ?
Claire : je ne sais pas si c’est venu tout de suite. C’est juste la musique qu’on aimait écouter mais on s’intéresse également à des choses plus modernes. On essaie juste de combiner tout cela et de créer de la musique qu’on aime jouer. Notre folk est ancré dans le monde d’aujourd’hui.
Quel genre de musique écoutiez-vous quand vous avez composé le EP ?
Laura : J’écoute beaucoup de songwriters différents. Ceux qui écrivent des paroles et utilisent une structure de chanson surprenantes ou essaient de décrire des aspects de la société que l’on a oubliées. J’aime bien être provoquée. Leonard Cohen et Bob Dylan sont incontournables. Parmi les artistes irlandais, je suis fan de Villagers, Fionn Regan, Lisa Hannigan, Mick Flannery, Seamus Fogerty, Lisa O’Neill…
Claire : De grands storytellers : ça fait partie de notre héritage.
Laura, j’ai lu que l’EP avait été écrit en partie en France, c’est vrai ?
Laura : oui, j’ai vécu en France pendant un an, à Saint Quentin, entre Paris et Lille. Je travaillais comme aide-enseignante en anglais. Personne ne parlait anglais là-bas : il a bien fallu que je parle français ! (rires) J’ai beaucoup écrit et ensuite, on a donné un concert à la Piscine de Roubaix. La lumière et les couleurs étaient incroyables et changeaient tout le temps grâce aux vitraux. Une belle expérience.
Claire : et il avait la piscine juste en face de nous. Il y avait le danger du mal de mer (rires). C’est un lieu magnifique.
Tu fais souvent référence à la Nature dans tes textes…
Laura : j’ai grandi à la campagne au milieu de nulle part donc cela a certainement un impact sur mon écriture. Mais j’aime parler du monde moderne et urbain également, faire coexister ces deux univers. Voir comment l’humanité se comporte dans les deux cas.
On s’assoit, on boit sa tasse de thé et après je veux dire la dure vérité à celui qui m’écoute. La vie est difficile, mon ami !

Votre musique donne une impression de cocon. Veux-tu le même effet avec les paroles ?
Hum, pas seulement. On s’assoit, on boit sa tasse de thé et après je veux dire la dure réalité à celui qui m’écoute. La vie est difficile, mon ami !
Pourquoi avoir étudié le français et toi Claire, le violoncelle ?
Laura : je suis tombée sur une super prof lors de ma première année au collège. Plus je me plongeais dans la culture française, plus j’ai adoré cela et notamment les songwriters. J’ai découvert Jacques Brel, qui est belge certes, mais j’adore son œuvre. Suis fan également de Edith Piaf, Barbara, Serge Gainsbourg évidemment. La satire, la comédie : certains auteurs français sont doués dans ce domaine. Je voudrais apporter cette touche dans mes textes. J’aime la façon dont les Français soutiennent leurs artistes en général.
Claire : je jouais de la flûte et ne pensais pas jouer du violoncelle au départ. J’ai commencé à l’âge de 11 ans. Mon père m’a trouvé un vieil instrument qu’il a acheté pour pas cher. Plus je jouais et plus je trouvais que c’était ce qui me correspondait le mieux. J’aimais le ton qui peut être très grave ou sonner comme un violon. Je n’ai pas encore découvert tous ses secrets. Au moins, à la différence de la flûte, je n’ai pas besoin de souffler et je peux enfin respirer !
Parlez-moi du Common Grounds Collective …
Claire : On l’a créé avec deux autres amis. On s’est aperçu que beaucoup d’artistes autour de nous n’avaient pas de moyens pour s’exprimer. Donc on a pensé à une plateforme. Rencontrer tous ces artistes, c’est également très inspirant.
Laura : on réunit trois ou quatre artistes d’univers très différents lors d’un événement et ils peuvent se produire devant une salle pleine, montrer leurs œuvres et parler du processus de création. On a pu par exemple rencontrer un réalisateur qui nous a fait l’une de nos vidéos. C’est très important de se soutenir.
Vous avez beaucoup tourné cette année : votre date préférée ?
Claire : la soirée du lancement de l’EP, au Cobblestone à Dublin. C’était assez incroyable. Le concert a été sold out, et on ne s’y attendait pas. C’était très encourageant pour nous. Il y avait une belle énergie dans la salle. Junior Brother a assuré la première partie et on est de grandes fans. Une belle soirée.
Laura : J’étais vraiement nerveuse avant de monter sur scène ! Je tremblais. L’accueil a été tellement chaleureux. La famille, les amis étaient là et le public a été d’un grand soutien.
Avez-vous écrit de nouveaux titres ?
Laura : On espère sortir un EP à la fin de l’année ou au début de 2019. Certaines chansons sont déjà enregistrées. Deux autres vont l’être bientôt.
https://lemoncello.bandcamp.com/releases
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