Le pub / salle de concert Roisin Dubh a été notre deuxième maison pendant le festival des arts de Galway, en juillet. On a eu droit, en autres, au set emballant de Seamus Fogarty (electro-folk), avec en première partie, le très, très prometteur Junior Brother.
On avait découvert Junior Brother (Ronan Kealy dans le civil) grâce à l’épisode 4 de This ain’t no disco, le web doc signé Myles O’Reilly et Donal Dineen. Choc immédiat à l’écoute de son Hungover at Mass, littéralement « Gueule de bois à la messe », interprété tiens, tiens devant une église à Dublin. « I’m nearly fucking sprinting, how long’s this fucking church / Does God want me embarrassed? Does Jesus have me cursed? / All the lads from last night will think I can’t hold beer. /I’d rather be seen legless, than seen throwing up here. » Paroles coup de poing, qui transpirent l’alcool par un jeune songwriter, timide en apparence mais qui sort ses tripes.
En ce 18 juillet, début de festival des arts de Galway, le voilà donc au Roisin Dubh, en première partie de Seamus Fogarty. Avec sa guitare et son tambourin qu’il frappe frénétiquement du pied, il livre un folk audacieux, sans concession et qui ne s’embarrasse pas de politesse. Gros coup de cœur également pour Fuck Off I love, chanson titre de son Ep paru en mai 2016. On aime ou on déteste son chant rageur (à l’accent du Kerry dont il est originaire), loin des volutes celtisantes. On fait évidemment partie des convertis.
Mais place à Seamus Fogarty, qu’on avait vu pour la première fois lors de Imagining Ireland au National Concert Hall en février dernier. Il y avait déroulé les meilleurs titres de The Curious Hand, son deuxième LP (cette fois fois produit par Leo Abrahams qui a travaillé avec Brian Eno ou Paul Simon) et le premier au sein du prestigieux label Domino records.
Mention spéciale au premier single, The Short Ballad For a Long Man, une chanson-hommage au géant irlandais Charles Byrne, dont le squelette est exposé au Hunterian Museum à London. Soit un nouvel exemple de son talent pour raconter des histoires, à la fois poétiques, ironiques et tristes.
Comme Junior Brother, il parle « église » dans Carlow Town, où il revient sur une nuit mouvementée passée dans ce lieu de prière tenu par un curé un peu ronchon. Sur scène, on a droit également à une chorégraphie plus ou moins maîtrisée mais sympathique (la même que celle du clip). « On est un peu rouillé » rigole Fogarty : Non, non, c’était parfait !
Lui et son groupe (belle complicité) ne bougent pas seulement leur corps. Musicalement, c’est un régal. On succombe sans peine au folk teinté d’électro (enfin quand l’ordinateur ne fait pas de caprices…) de Fogarty. « The morning it was breaking / Had to stop there by a ditch / I’d followed you forever » : on aime les paroles joliment désespérées de Heels over Head (et l’accordéon qui l’accompagne).
On suit l’alchimiste, originaire de Mayo et désormais londonien, quand il prend le train pour Mexico (Mexico), prend à son compte la folie de Van Gogh (Van Gogh’s Ear), ou s’offre une ballade mélancolique comme le petit bijou Ducks & Drakes, disponible sur un EP du même nom sorti en 2015. Pour la dose d’americana, on poursuit avec The Undertaker’s Daughter et The Evening Lay Down Upon Us, issus de Good Damm You Mountain, album sorti en 2012 (on mesure d’ailleurs le chemin musical parcouru…). Mais Fogarty, qui régale par son humour (une mésaventure et une leçon d’humilité avec le grand John Martyn), est sur le point de tirer sa révérence avec The Curious Hand. On aimerait l’entendre à nouveau lors d’un éventuel concert parisien. Oui ? Non ? Peut-être ? On croise les doigts !
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