« Ladies Night » au Roisin Dubh, Galway en ce 19 juillet. Au programme, un beau nuancier de folk, avec Slow Skies, Maria Kelly et Ailbhe Reddy.
En ce 19 juillet, c’est « soirée entre filles » au Roisin Dubh, Galway, notre deuxième maison pendant le festival des Arts. On retrouve avec plaisir Slow Skies (Karen Sheridan dont la voix rappelle celle de Julia Stone), qui avait fait la première partie de I Have A Tribe lors d’une belle Chapel Session au Centre culturel irlandais.
Sur la setlist, figure évidemment Dancing, single récent et » seul titre festif » disponible sur Realign, un premier album solo paru en mai et salué par la critique. Un LP folk-pop écrit en Suède et supervisé par le producteur Ber Quinn qui a également travaillé avec Lisa Hannigan.
Au final, on a droit à une relecture séduisante des phases, pas toujours rigolotes, de reconstruction après un chagrin d’amour (le cœur brisé, l’isolement et finalement la guérison). Fire, ballade accrocheuse, perd ses accents « pop éthérée » dans sa version acoustique. Même constat avec ses chansons moins récentes, comme Close et On the Shore, plus boisée sur scène. Belles retrouvailles.
Karen Sheridan passe le relais à Maria Kelly qu’on avait revue en décembre dernier au Spirit Store à Dundalk, en première partie de Paul Noonan. Le temps d’un concert, la songwriter originaire du comté de Mayo a quitté Berlin où elle s’est installée depuis quelques semaines. Elle offre la jolie July, écrite peu de temps après son installation dans la capitale allemande. Comme Slow Skies, munie de sa guitariste acoustique, Kelly livre une version dépouillée de son folk atmosphérique.
On craque à nouveau à l’écoute de Stitches, dans la lignée de Daughter. Sa voix, délicate et un peu cassée (on pense à Lucy Rose et Billie Marten), sert des ballades mélancoliques comme Far Below, issu The Things I Should, son Ep paru en 2017 autour le manque de communication et ses conséquences. Une fragilité qui émeut également quand elle entame le dreamy Torn Into Two.
Toujours dans un registre très personnel, elle aborde la maladie mentale dans Dark places. « there’s a storm in my chest, and I can’t catch my breath / a little rain, and I’m full to the brim again » . Une honnêteté qui touche au cœur. Maria Kelly, l’une des révélations féminines irlandaises des deux dernières années et à suivre absolument.
Place à Ailbhe Reddy, son amie, qui en plus d’une tournée en duo, a assuré les chœurs sur son très beau Threads. La songwriter, à l’humour très pince sans rire, taquinera Kelly plusieurs fois, signe d’une belle complicité. Elle ne se privera pas non plus de chambrer ses partenaires de scène. Car la songwriter dublinoise, deux EPS au compteur, audacieuse et à la voix puissante, n’est pas venue seule, à la différence de son passage parisien lors de la fête de la musique. Quatre musiciens donc pour défendre son indie-folk qui nous séduit depuis un petit moment.
On s’offre un début de concert épuré, en solo et à la guitare acoustique avec Selfish et Never loved qui demande pas mal de pirouettes vocales. Avec Coffee, interprétée à cinq, elle revient sur ses visites répétées dans un café où travaille l’objet de son affection. « Tout le monde a fait ça, n’est-ce pas ? » rigole Reddy. « Flesh and Blood », l’un de ses premiers titres, prend des notes groove.
Cette grande fan de Fiona Apple enchaîne avec Distrust, qui vient, quand même, d’atteindre les 2 millions de streams ! Une ballade qui va crescendo où elle affronte crânement la fin d’une relation (« I’m not a waste / Damn it takes to fuck this up /The distaste distrust »). Joli final électrique et à la batterie pour Keepsake, lament song inspirée et belle ligne de basse sur Failing, chanson poppy sur le succès.
The Tube (électrisant final à la guitare) et Disconnect, et ses ruptures de rythme, fonctionnent très bien à l’applaudimètre. Avec Fingertips qui demande à nouveau une certaine gymnastique vocale, elle parle sans détour de sexualité féminine. Sa voix est à nouveau mise à rude épreuve sur Relent, qui clôt logiquement le set. Parmi les nouveautés, on retient Walk Away, au beat electro et au clapping séduisant. On adhère également à l’accrocheur Shame, single qui sortira le 17 août. Avant d’écouter plus en profondeur sa nouvelle livraison, on se souviendra de ce set galvanisant de bout en bout.
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