La chemise bien repassée (c’est important), I Have A Tribe a investi jeudi la chapelle du CCI pour dérouler ses torch songs, entre folk et cabaret. Il a partagé la scène avec l’amie de « 10 ans », la song-writer Karen Sheridan de Slow Skies.
« Mais où est Karen ? » Alors qu’il s’apprête à commencer son set, I Have A Tribe (Patrick O’Laoghaire dans le civil) attend patiemment son amie Karen Sheridan de Slow Skies, qui vient d’assurer, avec son doux folk, sa première partie jeudi soir à la chapelle du Centre culturel irlandais. Du concert de la song-writer (une fille « brûlée par le soleil parisien », une guitare et beaucoup de mélancolie), on retient notamment Dancing, un single récent et qui sera sur son album à venir. Un LP écrit en Suède et supervisé par le producteur Ber Quinn qui a également travaillé avec Lisa Hannigan. Premier concert dans la capitale française pour « l’amie de 10 ans » de Patrick O’Laoghaire et présentations convaincantes devant un public charmé.
Au piano, I Have A Tribe, qui l’a accompagnée pratiquement tout son set, ne l’attend plus et attaque d’entrée avec Monsoon, « la Mousson », qu’il a composé à Chamonix un jour de pluie. Avec un sourire désarmant, il se lance dans une explication en français (« Plu ? « Pluie? »). Le public l’aide volontiers à finir ses phrases. Karen Sheridan le rejoint finalement ( « dramatic entrance », se moque gentiment son partenaire de jeu) et voila qu’il déroule ses torch songs, à la mélancolie qui arrache le coeur, figurant sur Beneath A Yellow Moon, son premier opus (après plusieurs EP) sorti en 2016, longtemps attendu et produit par Paul Savage (Mogwai). Des titres présentés au CCI dans leur plus simple appareil, dans une ambiance cabaret. Cela donne une belle et émouvante théâtralité. Et la voix, qui ondule du mumure et à la plainte puissante, n’y est pas pour rien (on la compare souvent à celle de Anohni, ex -Antony and the Johnsons).
La chemise blanche bien repassée (détail important pour faire plaisir à sa maman qui est présente, comme au Whelan’s), il est au maximum vocal avec Old Man et nous achève avec La Neige (composé pour un ami qui s’appelle… Snow, CQFD). Le public tente timidement de participer sur l’épique Casablanca. On a évidemment droit à l’imparable Buddy Holly et à Scandinavia (« I’d Rather Be Alone », déchirant) accompagné sur album par Conor O’Brien de Villagers.
Atmosphère plus boisée lors de la seconde partie, avec notamment Sanson (validée par son chien…), une chanson toute neuve (et sans titre pour l’instant) sur des amis qui sont passés par pas mal de malheurs avant de se marier et une autre pour Sasha, sa nièce de 3 ans dont il s’occupe tous les lundis. On se quitte avec After We Meet, avec la conviction d’avoir rencontré un song-writer, à la sensibilité à fleur de peau.