Après un concert solo en ouverture de The Divine Comedy pour une Pias Nite le 12 septembre dernier à la Maroquinerie, Lisa Hannigan revenait au Flow ce jeudi. Elle y a égréné les chansons de At Swim, son troisième album, accompagné de son groupe et de l’uber talented Heather Woods Broderick. On vous raconte. (Photos Jean-Marc Ferre).
Une chaleur écrasante mais un beau souvenir. Le 12 septembre dernier à la Maroquinerie, Lisa Hannigan bravait une atmosphère suffocante et offrait un sublime concert solo lors d’une Pias Nite avec The Divine Comedy. Les conditions furent bien meilleures lors de son retour ce jeudi, au Flow, accompagnée cette fois de son groupe, pour défendre à nouveau At Swim, son troisième album, créé sous le doux patronnage d’Aaron Dessner (The National).
Un LP où son folk prend de l’ampleur, où l’on parle perte, mort, complicité amoureuse, outsiders et marginaux dans un bel effort de renouvellement musical. Par la richesse de ses arrangements dans la lignée d’une Agnès Obel ou de Marissa Nadler, cet opus créé dans la douleur figurera certainement dans le Top 10 de notre panthéon personnel en 2016.

Avant que Lisa Hannigan ne déroule son diamant noir, la grande Heather Woods Broderick ouvre avec classe la soirée. Le CV de cette multi-intrumentiste est impressionnant. Elle gravite dans la planète de son frère Peter Broderick, a été membre du Efterklang et a, entre autres, fait les choeurs pour Alela Diane et Sharon Van Etten. Deux albums à son actif, dont Glider, sorti en juillet 2015, une merveille de songwriting et de délicatesse. Sa voix, entre Hope Sandoval et Elizabeth Fraser, et ses mélodies mélancoliques, entre folk et dream pop, charment et préparent sans peine l’auditoire à ce qui va suivre.
Cinq titres plus tard, la songwriter ne quitte pas la scène car Lisa Hannigan l’a logiquement intégrée parmi ses musiciens. On commence dans une ambiance cosy avec Little Bird, une oldie qui lui sert souvent d’introduction. Alors que l’harmonium est de retour, le batteur, au jeu original mais parfois déconcertant, ose le gong quasi à contre-temps sur Ora, le troisième extrait de At Swim. Suit Pistacchio, qui prend des sonorités ici presque jazzy.
Crédits photo: Jean-Marc Ferre
John Smith reste irremplaçable sur O’Sleep, mais Heather Woods Brodericks assure sans faillir les harmonies vocales. La voix un poil trop produite sur Prayer for The Dying, est plus organique et directe sur scène. On adore les accents électro de Undertow, une nouveauté dans le folk aérien d’Hannigan et également présente dans le très réussi Lo. Ce sera d’ailleurs le prochain single. « Pour les besoins du clip, j’ai dû chanter les paroles à l’envers » et s’en suit une démonstration franchement drôle. Ce sera d’ailleurs l’une des rares interventions de la chanteuse, vocalement très en forme et qui avouera avoir pris une bonne dose de croissants et de fromage lors de son passage parisien.
Les affaires reprennent avec trois titres de At Swim dont Snow, vibrant et l’un de nos préférés. Après Passenger jouée seule à la guitare et deux chansons plus tard, arrive We the drowned, son chef-d’oeuvre et sans conteste le pic du set. Le batteur tape sur les bords de sa caisse, sans qu’on comprenne bien pourquoi. Reste que le morceau, puissant, va crescendo vers son apothéose électrique.
Après cela, Lille, issu de Sea Sew le premier album, fait pâle figure et on mesure alors le chemin parcouru. Le public, plutôt sage, s’exprime timidement sur What will I do et Knots, les seules respirations joyeuses du concert. Lisa Hannigan est rejointe par son contrebassise et Heather Woods Brodrerick pour interpréter a capella Anahorish, d’après le poème de Seamus Heaney. Une bouffée de beauté pure et d’émotion finale avant qu’elle ne joue de son pied rageur sur A Sail. On se quitte mais pas pour longtemps : pour ceux qui voudraient naviger encore une fois avec Lisa Hannigan, celle-ci revient le 22 novembre, en première partie d’Agnès Obel au Casino de Paris.