Après un concert au Trianon dans le cadre du festival Fireworks en février, Morgan MacIntyre et Gemma Doherty de Saint Sister ont offert leur irrésistible « atmosfolk » à la chapelle du Centre culturel irlandais, mercredi dernier. Le duo était accompagné de la très prometteuse songwriter et chanteuse Rachael Lavelle. Le rendez-vous fut magique. On vous raconte.
Le pouvoir du piano-voix. Rachael Lavelle l’a une nouvelle fois démontré mercredi dernier à la Chapelle du Centre culturel irlandais. La songwriter assurait la première partie de Saint Sister (ce qu’elle avait déjà fait pour d’autres shows en Irlande). On l’avait ratée lors de son concert à Dublin car elle jouait le même soir que Ailbhe Reddy. C’était donc pour nous une séance de « rattrapage » et comment dire, ce fut une leçon. Rachael Lavelle ira loin, très loin. Grâce à sa maîtrise de la mélodie mélancolique, ses paroles puissantes et puis cette voix ! On pense à Kate Bush mais surtout à Hannah Reid, la chanteuse de London Grammar.
On s’emballe ? Pas tant que ça, car il faut entendre Woman and Man, une love song déchirante qui ne figure même pas sur son ep, intitulé Superman. On aura droit évidemment à l’intégralité de celui-ci : Howling (avec les cloches du CCI en invité surprise…), inspirée par le vent dans le Connemara, où le titre a été enregistré, et puis Robot, sur la technologie qui déshumanise. Mention spéciale à Ectasy, où sa voix prend toute son ampleur. Au festival de Jazz à Montreux où elle a été volontaire (elle tentera d’ailleurs quelques interventions en français pendant le concert), elle avait fait, un peu soule, une relecture du célébrissime Danny Boy. Une petite dédicace à son frère Daniel et elle entame sa version épurée. Le temps est comme suspendu… On n’aura pas droit à sa reprise de You’re the one that I want de Grease, évidemment beaucoup moins enjouée que l’originale. On espère l’entendre lors d’ un autre concert parisien, cette fois en tête d’affiche.

Quelques minutes pour s’en remettre et voici les vedettes du soir. Saint Sister (voir notre interview) n’a, également, qu’un ep au compteur, Madrid, produit par Alex Ryan (le bassiste d’Hozier) et sorti il y a tout juste un an. Mais depuis le début de leur association en novembre 2014, Gemma Doherty et Morgan MacIntyre forment le duo d’artistes parmi les plus en vue en son pays. Après les avoir applaudies plusieurs fois sur scène, notamment à la Unitarian Church à Dublin, on pourra à nouveau vérifier qu’elles méritent le buzz autour d’elles. Leur « atmosfolk » (un terme qu’elles ont inventé pour décrire leur musique) est un habile mélange de tradition celtique avec la harpe de Gemma Doherty, de folk des années 1960, de pop éthérée avec une bonne dose d’electronica. Le tout donne une musique planante, un mix entre Joni Mitchell et Enya, qui invite au rêve.
On démarre avec le séduisant Cold feet, pour enchaîner avec Castles : on aime le son clair de la harpe, les quelques coups sur l’instrument repris en loops et des harmonies vocales qui font déjà leurs effets. Suit Old friends (« Old friends talk slow and low… »), sur l’importance de passer du temps avec de vrais amis. Corpses, au titre explicite, « est l’antithèse » de Tin Man, « sur un rêve qui vous tient chaud toute la journée ». Ces nouveaux morceaux, révélés la semaine dernière, figureront sur leur prochain ep (ou album, rien n’est décidé)..

Gemma, qui vient d’utiliser… des chouchous à cheveux pour atténuer le son de sa harpe, doit accorder son instrument. Morgan en profite pour se lancer dans une petite explication de texte du très beau Versions of hate, sur le côté auto-centré des gens créatifs. On s’offre une relecture à tomber de Songs of love, un classique de The Divine Comedy, validée par Neil Hannon himself : « on l’a chanté en festival avant de réaliser que The Divine Comedy jouerait après nous ! » rigole Morgan. Gemma délaisse sa harpe pour trafiquer un peu sa voix sur MOC. Blood Moon, deuxième single de l’EP , est peut-être leur morceau le plus « celtisant ».
Après Half Awake, le duo invite Rachael Lavelle à revenir sur scène pour interpréter Madrid, titre phare et au beat entêtant. La chanteuse assure quelques notes au piano et surtout le chœur, quasi angélique. On pense avoir notre quota d’émotions mais voilà que le trio reprend A Case of you de Joni Mitchell. Gemma y fait des étincelles vocales lors de ce un pur moment de grâce. Au moment où l’on écrit ses lignes, Saint Sister entame sa première tournée irlandaise en tête d’affiche. Après ce qu’on a entendu mercredi, on prendrait bien (encore) nos billets d’avion…
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